PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Présents :
Jean Roucou, Didier Bargas, Francine Best, André Chambon, Lionel Larqué, Jean-Louis Piednoir, Jacques Sénécat, Lucienne Siuda, Brigitte Vigroux, Jean-Marc Favret, Jean-Claude Guérin, Nicole Chaffort.

Excusés :
Arnold Bac, Dominique Laousse, Yves Goepfert, Alain Bourgarel, Marie Raynal, Laurent Brisset, Jocelyne Leydier.

Activités et informations diverses

Groupes régionaux

Le groupe régional Nord/Pas de Calais animé par Pierre Frackowiack a organisé une rencontre avec Marie Raynal qui a eu un succès certain avec un public évalué à 70 personnes.

Prochaines rencontres décentralisées en janvier avec Philippe Mérieu autour du « débat » et avec Maryvonne Prévot autour de son livre consacré à Alain Savary.
Cette dernière sera présente lors de la journée de l’AFFDU au salon du livre en mairie du 6ème arrondissement le 3 décembre.

Un travail se construit avec le Collectif national « Récit »(près de 50 asso) en vue de l’organisation d’une manifestation nationale à Lille en février autour de la notion d’éducation citoyenne. Le Conseil régional est partenaire de la manifestation.

Le groupe agglo grenobloise : lancement officiel du groupe avec Jean Roucou le 24 octobre à Seyssins sur la base de la veille éducative. Une bonne quinzaine d’amis ont travaillé sous la houlette de Michel Baffert. Les échanges ont été animés, riches et ont conduit à bien positionner la démarche de veille comme outil de mise en œuvre sur un territoire du projet éducatif local.

Et la notion de développement local à caractère éducatif a été avancée dans la suite de la reprise du texte de André Chambon et Jean Roucou pour les cahiers pédagogiques.

Participations de PRISME

– Collaboration avec Francine Best au grand débat sur le collège unique du 13 décembre prochain à l’IUT de Saint Denis. PRISME assurera la gestion des inscriptions et interviendra pour marquer la dimension territoriale de l’éducation.

Dans le cadre du « non-débat sur l’éducation » proposé par le gouvernement plusieurs membres du réseau sont sollicités pour participer ou animer au titre de PRISME à des débats locaux : les Francas 77 , lycée professionnel Tournan… etc. Un bilan sera à faire de nos participations.

Intervention de Prisme prévue le 20 novembre au colloque européen « Tsiganes à l’école » animé par Françoise Malique. A cette occasion parution ouvrage, au CDDP 91, dont nous avions eu extraits en juin dernier.

Les cahiers pédagogiques ont reçu le texte de Prisme sur la région et le développement local réalisé par André Chambon et Jean Roucou. Parution prévue janvier.

Rencontres locales

– Elles permettent de se rendre prioritairement sur un site en Grand Projet de Ville (GPV) et de faire d’une certaine façon un point sur l’évolution du projet éducatif local sur ces territoires.

Le vendredi 14/12 au quartier en GPV des Grésillons (voir fiche sur site) : une rencontre avec les acteurs fort appréciée. En préparation avec Cergy, Evry. Propositions attendues et à renvoyer vers Brigitte Vigroux.

Site

Installation de la première fiche sous la rubrique « Initiatives Prismées » à la suite de notre visite à la MIPOP (Essonne). Une autre est en cours de préparation après notre rencontre à l’Espace des Grésillons à Gennevilliers organisée par notre ami Alain Bourgarel, vendredi 14 novembre.

Billet d’humeur prismée, nouvelle rubrique que Jean-Claude Guérin se propose d’animer.

– Brigitte et Lucienne ont participé à une formation organisée par notre hébergeur Globenet à la prise en main du logiciel SPIP qui devrait nous permettre de travailler directement en réseau, au-delà des deux amies qui assurent un travail bénévole fort apprécié.
En principe lors de la prochaine assemblée générale début 2004 (à fixer lors du CA du 16 décembre) l’ensemble de la production devrait être aiguillée sur un site nettement amélioré sur la forme et le …fond évidemment, et ce grâce aux possibilités de contributions directes des membres.

Entretiens

– Contact avec Ginette Francequin de l’INETOP qui conduit une étude (vers un ouvrage en juin 2004) sur les enfants sortis du système scolaire sans qualification reconnue et qui ont ensuite réussi des études supérieures grâce à des passerelles. La question qui se pose : « comment faire en sorte que l’orientation soit retravaillée dans une posture d’aide à la transformation sociale et non d’outil de régulation du système?» Des exemples de ces parcours réussis seraient repris chaque mois sur le site, vers un travail autour de l’orientation. Jean Roucou prendra des contacts lors du salon de l’éducation.

– Avec Les Petits Débrouillards en vue contribution à réalisation d’une publication en direction de la jeunesse élaborée par collectif d’associations issu de l’opération Place Publique Junior.
– Philippe Thillay présentera prochainement, pour Prisme, un texte sur le thème « Temps libres, temps sociaux. »
– En préparation un texte concernant l’orientation scolaire et professionnelle avec plusieurs professionnels.
– Entretien avec le maire de Saint Martin Valmeroux dans le Cantal au sujet du collège pionnier de la Marolle « réussir autrement » dont la structure pourrait être remise en cause pour des questions de moyens.

Informations diverses

– Le salon de l’éducation aura lieu du 19 au 23 novembre 2003.
– Actualité Didier Bargas invite les membres de Prisme à se joindre à une journée d’étude organisée par l’IREV de Lille animé par notre ami Frédéric Tréca jeudi 4 décembre à Wicres. Inscription auprès de Didier Dufour au 03.20.25.10.29 avant le 28 novembre. Le thème de la journée sera « Ecole, territoires, exclusions, la nécessité d’agir ensemble. »

Débat de préparation du colloque Collège unique

NB Cette rencontre mensuelle consacrée au collège a pour objet de travailler le sujet et de permettre aux divers intervenants membres du réseau d’alimenter leur réflexion voire d’être proposants dans le cadre du DEBAT.

Francine Best présente le colloque du 13 décembre sur le collège unique du 13/12 à Saint-Denis. La journée débutera par une présentation historique du collège unique par Claude Lelièvre et sera suivie de 9 ateliers sur les grandes questions que l’on se pose au collège.
Un des ateliers sera porté par Didier Bargas sur la question « Il y a des collèges qui frisent l’excellence en ZEP, pourquoi ?»
D’autres ateliers porteront sur les pratiques pédagogiques, éducatives et didactiques dans les classes, l’orientation en fin de 5ème, le retour aux filières, la gestion de la diversité des élèves sans le recours aux filières ségrégatives, sur la formation des maîtres et la prospective en matière scolaire. Jean Roucou interviendra sur l’articulation collèges/territoires.

Jean-Claude Guérin affirme que l’on ne peut pas aujourd’hui poser le problème du collège unique sans poser le problème de l’ensemble de la scolarité. Car, que veut dire la scolarité obligatoire ? Il faut traiter des questions de l’éducation, et pas seulement de la question scolaire, avec un point de vue qui sorte de l’éducation nationale.

La question globale qui se pose aujourd’hui est « qu’en est-il de l’avenir de la forme scolaire actuelle ? » C’est autre chose qui se cherche aujourd’hui en lien avec ce qui se passe à l’extérieur de l’école et c’est cette approche là que l’on peut prendre au travers des questions du territoire.
Le problème pédagogique est second par rapport à celui-là. Il faut refonder une éducation et cela constitue un préalable au débat sur le collège unique. De plus, il semble que ni la droite, ni la gauche n’ait véritablement compris le 21 avril et ni l’une, ni l’autre n’apporte de réponse à l’idéologie du moment. De même, au printemps, les enseignants n’ont pas posé au cœur de leurs revendications, les problèmes éducatifs et pédagogiques. Le grand débat proposé par le gouvernement est un leurre, les grandes questions ne sont pas posées.

Le collège unique aurait pu réussir si ses propositions de départ avaient été appliquées mais « le collège a-t-il été unique ? » Le problème est en fait celui des objectifs communs, plus que du terme unique. Le collège qui serait perçu comme un lieu spécifique d’éducation, un lieu d’animation et lieu ressource du territoire ne peut plus être seulement un collège d’enseignement. Il faudrait tendre vers des collèges de type Racan, qui a donné son nom au bassin (le Pays de Racan en Indre-et-loire) et qui joue un rôle moteur dans la démarche de développement local. Il faudrait travailler sur des centres d’éducation.

Il faudrait également définir à la fois la continuité et la spécificité de la scolarité obligatoire. Et Jean-Claude Guérin de penser que l’identité du collège est l’orientation, par une préparation du « pouvoir choisir » dans une année d’expérimentation et de vie sociale. Il serait intéressant de réfléchir sur un schéma de ce type après avoir travaillé sur les objectifs et les contenus, repensés avec des articulations inter-disciplinaires et définissant la part d’autonomie de chacun et du territoire dans une éducation toujours nationale. Mais il est dramatique que l’institution ait si peu de mémoire et qu’elle manque d’une capitalisation de ses outils sans cesse réinventés !

Didier Bargas, quant à lui, dit être en désaccord total avec Jean-Claude Guérin. Il faut se battre pour défendre le collège unique. C’est actuellement lui qui est visé par la remise en place des paliers d’orientation, la suppression des IDD,..dans l’idée de mettre en place une autre organisation des choix conduisant à moins de passerelles et à une moindre intériorisation de ces choix par les élèves. Didier Bargas se méfie des approches globalisantes et trouve qu’il a déjà été assez difficile de se mettre d’accord sur les termes du débat sur le collège unique au sein du collectif.

Francine Best intervient pour préciser qu’il est, selon elle, dangereux de dire que l’on ne veut plus de forme scolaire.

A cela André Chambon revient à la notion de forme symbolique qui permet de penser des stratégies propres et internes. Les formes éducatives permettent de lire chaque période éducative (sujet de thèse réalisée avec B.Charlot). André Chambon pose la question : « N’y a-t-il pas une mutation dans la forme du système éducatif ? » Il semble que l’héritage des ZEP, des villes éducatrices et autres ont permis une inter connaissance qui a créé des synergies avec une socialisation externe. A partir de là, on peut imaginer une autre forme scolaire qui ne casse pas la forme éducative.

Pour Jean-Marc Favret, le collège unique, c’était l’espoir de la vraie lutte contre les inégalités et contre la reproduction sociale mais aujourd’hui, l’école ne peut plus prétendre « livrer un produit » homogène, le monde extérieur est diversifié.
Si on veut reconstruire le collège unique il faut savoir qui arrive de l’école et renforcer les liaisons institutions scolaires/territoires. Si le collège intégré est un espoir perdu, l’enseignement mutuel basé sur le tutorat pourrait-il être un secours ?

Jean Roucou profite de ce moment du débat pour glisser une information sur le Centre éducatif et culturel (CEC), expérience réussie d’équipements intégrés, implanté à d’Istres depuis 30 ans et qui réalise actuellement une capitalisation de ses archives sur support CD Rom. Cette expérience a tenu compte de l’évolution du système éducatif et de sa nécessité d’ouverture sur le monde extérieur en intégrant un collège au sein du CEC.

Pour répondre à Didier Bargas, Jean-Claude Guérin précise qu’il ne pense pas que l’on doive amener ces questions globales sur le débat du collège unique mais demande quand va-t-on se poser ces questions de fond ?

Jean-Louis Piednoir parle d’une réalité dans les établissements qui scolarisent des enfants qui s’ennuient à l’école. Quelles dispositions scolaires et sociales devrions-nous préconiser ?

Jean-Claude Guérin répond qu’il serait utile de réfléchir aux activités qui intéressent ces enfants là. C’était l’idée des classes relais qui ont posé problème à partir du moment où on les a institutionnalisées. Le rôle du collège est d’apporter les éléments pour choisir le mieux possible mais nous n’avons pas suffisamment analysé toutes les évolutions technologiques et des rapports au savoir, tout ce qui a fait que les jeunes ont changé, pour les intégrer dans les modes d’apprentissages.
L’intérêt intuitif initial du territoire dans le sens d’une mise en relation, a amené à se poser la question de l’éducation partagée. C’est dans la part réciproque de l’école, des différentes formes des familles et dans les activités auxquelles les enfants sont confrontés que se pose le problème du territoire. Et sur cet espace éducatif, tous les acteurs ne sont pas d’accord. L’orientation précoce est un non-choix, elle est à condamner.

Didier Bargas précise que si l’on veut être concret et offensif, nous devons être en mesure de faire des propositions et expliquer, par exemple, ce que nous proposons à la place des classes de découvertes.

Jacques Sénécat pense que l’on ne peut pas traiter du collège sans le placer dans une perspective et sans parler du lycée. Le discours actuel est d’augmenter de 10% le nombre d’élèves en études générales. Il s’agit là d’un travail considérable et la question qui se pose est « comment faire monter les élèves par le haut ? »
On devrait aussi se demander pourquoi ce qui a été mis en place depuis 81, ne marche pas. Peut-être est-ce parce que l’on a voulu faire faire aux acteurs éducatifs ce qu’ils ne voulaient pas faire. L’hétérogénéité pose des problèmes dans un certain nombre de collèges et on peut constater que ça marche dans ceux qui ont été accompagnés. Il vaut mieux laisser les enseignants trouver eux-mêmes les solutions sur place avec les autres acteurs éducatifs. Cette démarche, accompagnée d’une obligation de résultats, amène à réfléchir aux conditions à mettre en place localement mais on ne doit plus dire depuis Paris ce qu’il faut faire. La traduction technique de cela est le projet éducatif de zone et son évaluation. Par ailleurs, on a rendu les enseignants responsables de l’échec, ils sont aujourd’hui « écorchés vifs . »

Francine Best insiste sur la nécessité de cette notion d’accompagnement des professeurs qui est très importante.

Jean-Lois Piednoir confirme que, lors de la mise en place des ZEP, on avait trouvé des équipes partantes sur le terrain qui se sont épuisées à changer de cap tous les 3 ans au rythme du changement des orientations gouvernementales. Il aurait été préférable de perfectionner petit à petit sur place. Il est à remarquer que le lycée le mieux placé en terme de valeur ajoutée est celui qui est conduit par une équipe cohérente et qui a ignoré toutes les injonctions des différents gouvernements !

Lionel Larqué dit ne pas se reconnaître dans ce qui a été avancé. Nous ne parlons de l’école que par rapport à ceux qui en sont exclus, « où en est-on par rapport à la réalité ? » Et déjà, de qui parle-t-on ?
Lionel Larqué trouve les jeunes d’aujourd’hui beaucoup plus riches que ceux d’hier et notamment sur les plans de l’oralité et de la communication. De plus, les familles ont une relation plus forte à l’éducation, tout comme les élus locaux. Pour Lionel Larqué, le terreau est meilleur et nous continuons pourtant à dire que le jeune est un problème. Ce qui est préoccupant c’est que les enseignants continuent à voir l’éducation au regard de la pédagogie et du seul transfert de connaissances.

La question qui se pose est celle de la place de l’état et celle du local. L’état a une fonction de régulation majeure mais que va-t-il faire ? D’un point de vue stratégique, il faut inverser les termes du débat : « tout va bien ». Sur le local, il faut partir des temps éducatifs, le terme « territoire » étant utilisé par la droite et s’intéresser à la question des indicateurs.
Les indicateurs de la réussite scolaire sont à travailler d’un point de vue tactique.

Jean-Claude Guérin trouve intéressant d’avoir un point de vue hors éducation mais pense qu’il est difficile de globaliser sur le niveau de la jeunesse. Il y a eu, il y a 30 ans, tout un courant sur le productivisme qui est aujourd’hui oublié. Par ailleurs, Jean-Claude Guérin connaît pas mal d’enseignants dits d’extrême gauche qui sont des « pédago ».

Jean-Claude Guérin est frappé de voir courir les jeunes après l’intérim plus qu’après un CDD. Le rapport au travail a changé et on peut poser un questionnement à partir de cela : « qu’est-ce le travail ? » Il faut poser les problèmes qui touchent les gens et faire apparaître les convergences.

Francine Best est d’accord avec Lionel Larqué : « il y en a assez de partir de l’échec scolaire, il faut partir de ce qui réussit. »
Mais comme le dit André Chambon, les thèmes de la gauche ont toujours été la résorption de l’échec scolaire.

Didier Bargas propose de soutenir le débat par les deux points et faire des propositions réalistes.

Lionel Larqué pense qu’il serait utile de se nourrir du réseau des indicateurs économiques pour voir de quelle manière travailler sur les indicateurs de réussite scolaire.

Jacques Sénécat est d’accord pour obtenir la diversification des critères et sur l’idée de s’appuyer sur la dynamique des enfants et sur leurs aptitudes. On doit se poser la question sur ce qu’est « réussir au collège. »

Jean-Louis Piednoir ne sait pas, quant à lui, si les jeunes d’aujourd’hui, ont un substrat culturel supérieur à ceux d’hier : les idéologies dominantes ont changé, ce qui a créé d’autres centres d’intérêts.

Lionel Larqué insiste sur le fait que 55% des jeunes sont aujourd’hui impliqués dans une action collective pérenne. Il y a contestation des différentes autorités. « On ne parle pas des mêmes jeunes quand on parle de la jeunesse. »

Jean Roucou conclut en indiquant que l’on ne pourra pas avoir un projet de transformation sociale par l’éducation si l’ on ne prend pas en compte le rapport, aujourd’hui différent, des jeunes au travail et à la société donc à la formation tout au long de la vie.
C’est pourquoi l’université d’été de PRISME (début juillet 04) pourrait comporter deux axes : « l’état du local ; l’Etal local » et « l’enfant/le jeune dans la société ; l’élève en formation».

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