PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Compte rendu de la première réunion décentralisée à Lomme (59)

Cette rencontre exceptionnelle s’est déroulée dans d’excellentes conditions au Centre Lommois d’Etudes Socialistes mis à notre disposition par le Député-Maire de Lomme, Yves DURAND. Les parisiens ont donc d’emprunté le fameux métro pour se rendre dans la banlieue lilloise. Les travaux ont débuté dès le lundi 7 juillet à 18 h 30 jusqu’à 21 h avec une bonne quinzaine de participants (et plus lors du dîner au SAAB !) par une intervention introductive du Vice-Président de PRISME, Jean-Louis PIEDNOIR : Politique et éducation ou politique de l’éducation ? Tout un programme ! Cette contribution importante peut servir de base à bien des rencontres par l’apport historique qu’elle porte. Au cours de cette séquence Yves Durand a pu nous rejoindre et nous consacrer, malgré un emploi du temps serré, un long moment. C’est avec un grande attention que les participants ont pu ainsi dialoguer avec lui à la fois sur l’histoire du mouvement social dans la région et surtout sur les problématiques posées par l’école, le futur débat envisagé par le Ministre et la nécessaire mobilisation pour construire des réponses adaptées aux exigences de la jeunesse d’aujourd’hui et à leur égal accès au droit à l’éducation.Et le lendemain mardi 8 juillet ce sont plus de 35 personnes qui ont, pour tout ou partie de la journée, participé aux travaux…(personnels de l’éducation nationale : administration, IUFM, inspecteurs, professeurs d’universités, etc ) ; agents des diverses collectivités territoriales ; chefs de projets politique de la ville ; associations partenaires de l’éducation ; élus locaux… bien dans l’esprit de PRISME de rassemblement d’acteurs dont l’éducation constitue le point commun sur les territoires. Quelques personnes attendues n’ont pu nous rejoindre comme : Jacques GUYARD, Jocelyne LEYDIER, Marc SCOTTO, JJ HAZAN, Hélène MOUCHARD-ZAY… et beaucoup d’autres indisponibles ou excusées comme P de Saintignon en attente… impatiemment du présent compte-rendu ! Bernard DEROSIER président du Conseil général du Nord bien que retenu par ses obligations de parlementaire nous a fait parvenir un dossier permettant de mesurer l’ampleur des actions menées par le CG dans le champ de ses compétences.Un dossier, préparé par Pierre Frackowiack entouré d’amis des deux départements, (vie commune exige !) a été remis avec la plupart des interventions et une documentation liée aux sujets traités et ce, comme lors de chaque rencontre mensuelle à Paris.. La Lettre spéciale communication de PRISME en diffusion sur le site a été dupliquée spécialement pour l’occasion. Une difficulté matérielle de dernière minute nous a privés d’enregistrement ce qui a conduit les collègues prismés à prendre des notes ! La première TABLE RONDE animée par J ROUCOU avait pour ambition de poser ou reposer la notion suivante :  » L’action éducative : une responsabilité partagée. « L’intervention de Marie RAYNAL (autour de l’analyse de la situation et de la nécessaire mobilisation) et l’intervention d’André CHAMBON (autour passage du projet éducatif local à la notion de développement local) ont resitué cette notion dans le contexte social et politique du moment. YG préconisant une réflexion alternative par rapport à la perversion actuelle du discours officiel. Et JR de poursuivre en proposant effectivement de décentrer le débat qui s’ouvre sur l’école pour le recentrer sur une base plus large, et par conséquent plus mobilisatrice, c’est-à-dire l’éducation.De nombreuses prises de parole ont suivi, enrichissant le propos général, dans une ambiance sereine malgré des appréciations parfois différentes. Si cette notion  » de responsabilité partagée  » retient l’attention de tous, elle conduit à replacer l’instruction comme l’élément public essentiel de l’éducation, dans les temps et espaces sociaux en construction comme avec tous les acteurs.Ont été évoqués, trop rapidement (mais on y reviendra) les problèmes liés à l’habitat et à la santé en particulier qui constituent des conditions nécessairement partagées par plusieurs professionnels, ce qui conduit à une construction moins segmentée de l’action publique. JBD proposera une contribution prochainement à ce sujet suite à l’étude qu’elle mène sur Lille (la rencontre de PRISME ayant d’ailleurs permis de rapprocher l’universitaire de la mairie !)Ensuite le déjeuner (précédé d’un apéro bien mérité!) pris en commun auquel des amis, indisponibles pour suivre nos travaux, ont pu nous rejoindre et avec lesquels nous avons pu ainsi poursuivre la rencontre.La TABLE RONDE de l’après midi animée par P FRACKOWIAK portait sur Les dimensions sociales de l’action éducativeLes interventions :

-*de Francis DANVERS autour de trois mots significatifs, extraits de son ouvrage remarquable 500 mots-clefs pour l’éducation et la formation tout au long de la vie : politique, éducation, système éducatif. Un peu de pédagogie tout de même pour démarrer !
-*de Patrick KANNER sur l’action de la ville de Lille avec le projet bien avancé de projet éducatif global et de convention-cadre,
-*de Frédéric TRECA sur les préoccupations liées aux territoires en grande difficulté, avec la recherche d’entrées locales nouvelles de type social/éducation ou territoire/éducation, à contrario de l’approche actuelle sur les outils à construire pour élaborer des stratégies et alimenter ainsi la compréhension des acteurs des territoires notamment dont les élusFD affirme que malgré tout ce que l’on initie, aujourd’hui encore, les modes de coopération sont à construire. Le fonctionnement des institutions est loin d’être appréhendé par tous les acteurs. Une question : comment une institution est en capacité de rentrer dans un espace de coopération, vers un jeu de qualification mutuelle ? Pour FT l’approche métiers et qualifications des acteurs est un enjeu fort ; il s’interroge d’ailleurs sur le rôle et le statut de l’enseignant dans les territoires !
-*de Rémi POUVROS en tant que maire de Maubeuge (et aussi d’ancien délégué de la fédération Léo Lagrange) ont contribué à faire prendre plus encore la mesure de l’ampleur de la tâche éducative et donc du projet d’éducation à élaborer à partir des diverses postures professionnelles, territoriales.
-*et la contribution de Pierre Frackowiak concernant la place et le rôle des familles (et des enfants/jeunes) dans la construction démocratique d’un tel projet demeure une ambition qui mérite une approche à laquelle nous n’en sommes qu’aux balbutiements. En effet les familles, levier essentiel de la transformation sociale, sont encore trop souvent considérées comme des supplétifs des enseignants ; leur dignité mérite d’être reconnue comme lien social fort. C’est bien sur la base de la transformation de l’idée de parentalité qu’il convient de travailler, en associant les familles à la réflexion sur les savoirs scolaires et en intégrant leurs savoirs sociaux. La place des étrangers dans les associations de parents d’élèves mériterait d’être plus significative.Pour ce faire YN propose que les acteurs élaborent ensemble des textes communs afin de faire évoluer la pensée collective.
-*FD pense que la méthode d’élaboration doit être précédée par une écoute de l’altérité tel un enrichissement collectif. Il insiste pour que les acteurs économiques soient bien associés à la réflexion sur l’éducation.
-*AC expose que la quête de mobilisation passe par la quête reconnue de la territorialisation ; ce qui encore n’est pas partagé par l’ensemble des acteurs (voir le  » débat ?  » sur la décentralisation) car il convient de mêler la permanence de l’action publique avec les contraintes technologiques induisant des transformations sociales fortes.. Cela ne peut évoluer que sur la prise en compte de l’éducation (au-delà de l’institution scolaire) comme vecteur du développement local et non pas seulement de régulation sociale.

JR a ensuite tenté de formuler quelques conclusions tirées des travaux sérieux malgré les premières grosses chaleurs !- Du point de vue de la réflexion collective, si l’on reste convaincu que la démarche ZEP reste d’actualité : les territoires nous interpellent plus encore sur les articulations scolaire, éducative et sociale à construire ensemble, tout en respectant les compétences de chacun. Si l’on veut bien faire les efforts pour se comprendre et se rendre compte que les acteurs ont plus de points communs qu’ils ne le disent, on peut, alors, escompter une recomposition de l’action sociale (et politique) sur un projet collectif et non sur une juxtaposition de revendications segmentées… comme l’action publique ! Chercher ce qui unit sans masquer ce qui différencie mais… qui ne s’oppose pas ! Comprendre la logique institutionnelle de l’autre pour mieux coopérer.

Et en écho au DESS conduit par FD autour de la validation des acquis, nécessité de s’approprier cette nouvelle offre de formation, véritable révolution dans notre fonctionnement social (très peu perçu encore d’ailleurs car, y compris au sein de la famille scolaire, cela remet en cause les positions !) Le débat qui s’ouvre sur l’école nécessite de replacer l’institution et ce qu’elle représente dans un débat plus large sur l’éducation et la formation tout au long de la vie et pas seulement avec les seuls interlocuteurs enseignants. Il convient d’ailleurs de se méfier de la posture officielle envisagée d’élaboration d’un diagnostic partagée. La politique de la ville nous l’a appris ; c’est l’élaboration qui est partagée (voire pour partie le diagnostic certes), mais c’est ensuite, et surtout, le problème de la responsabilité partagée effective de mise en œuvre qui est en cause et qui doit être partagée sur le mode contractuel. La méthode préconisée ne doit pas cacher le fond qui est bien de remplacer la loi d’orientation de 89 !Pour ce faire PRISME doit se situer dans le débat sur la base de l’approche de l’éducation et non de la seule école en dégageant des thèmes fédérateurs : parentalité, compétences communes des acteurs, nouvelles demandes sociales, action publique territorialisée, expression des jeunes bref… démocratie ! C’est bien d’une école préparant, cultivant la tolérance dont nous avons besoin alors qu’elle contribue trop fortement à la segmentation sociale ; elle reste par trop un outil de reproduction sociale, parfois de gestion sociale mais loin s’en faut de transformation sociale. Ce sont les conditions d’un véritable égal accès à l’éducation qui sont à travailler en s’éloignant le plus possible de la posture dite de  » l’égalité des chances  » voire, qui plus est, de l’équité ! C’est d’une école émancipatrice dépassant les soumissions (familiale, sociale, institutionnelle) que nous devons contribuer à bâtir. Voir les travaux de Marie Hedibel : Les formations à l’interculturel à l’IUFM et Les arrêts de scolarité avant 16 ans : étude des processus. La dimension territoriale étant constitutive de cette nouvelle approche car elle est porteuse d’échanges, de transferts, d’émergence de savoirs partagés, de répartition contractualisée des responsabilités (et donc des pouvoirs). Le territoire favorise davantage le partage et le portage donc la transmission des savoirs.
-*Du point de vue du mode d’action de PRISME, et prenant en compte la volonté exprimée par les participants, le réseau/assoc PRISME paraît être en correspondance avec bien de leurs réflexions. Les participants semblent apprécier qu’un cadre structuré mais souple puisse s’offrir à eux, favorisant les échanges, tentant de jeter les bases d’une coproduction nouvelle, alliant des acteurs de champs qui ne se rencontrent pas suffisamment et ce, en fonction des disponibilités de chacun, pour co-produire et diffuser des idées, amener les acteurs sociaux et politiques à s’interroger sur leurs pratiques pour bâtir un projet éducatif pertinent. La proposition par PRISME de mise en place de  » Maisons de l’éducation  » pourrait jeter les bases d’une telle visée. La région Nord Pas-de-Calais pourrait constituer un pôle fort de ce développement et l’ensemble du réseau en profiter !.

En attendant l’ouverture en octobre d’un groupe grenoblois sur la veille éducative afin de rapprocher les acteurs de l’éducation et de la prévention car comme le dit Marie Raynal en titre de l’ouvrage à paraître à la rentrée chez ESF  » éduquer ou punir : il faut choisir ! « Â Dans cet esprit à l’issue des travaux, les membres du réseau PRISME et leurs amis(es) ont :
-*constitué le groupe régional Nord/Pas-de-Calais,
-*fixé les grandes lignes de son mode de fonctionnement au sein du réseau national,
-*désigné Pierre Frackowiack comme correspondant régional : pierre.frackowiak@wanadoo.fr

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