PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In My europ.info :

Accéder au site source de notre article.


Vincent Peillon devra patienter sur ordre de l’Elysée / CHAMUSSY/SIPA

Par  

L’introduction d’une semaine d’école de quatre jours et demi sera finalement étalée sur les rentrées 2013 et 2014. François Hollande veut laisser aux établissements scolaires le temps de s’adapter. Cette réforme va rapprocher la France de ses voisins. Ailleurs en Europe, écoliers et lycéens travaillent souvent plus et souvent mieux. 

La réintroduction de la semaine de quatre jours et demi se fera finalement sur deux rentrées (2013 et 2014). Malgré l’impatience de son ministre de l’éducation Vincent Peillon, le Président de la république a décidé de laisser aux établissements le temps nécessaire à l’adaptation. Mais Vincent Peillon est convaincu que dès la rentrée 2013, 50% des élèves seront passés au nouveau rythme.

Quoiqu’il en soit, la réforme a été comme toujours très difficile à imposer aux enseignants. Du coup, le changement prévu sera a minima puisque le temps d’enseignement stricto sensu ne sera réduit que d’une heure par journée pleine (5 heures au lieu de six heures). Ces quatre heures de travail seront reportées au mercredi matin mais, pour ne pas perturber la vie des parents, les élèves resteront pris en charge par le système scolaire. 

On est donc assez en deça de toutes les idées qui circulent depuis des années. En particulier le raccourcissement des vacances d’été qui aurait certainement permis de réduire davantage la durée de la journée scolaire.

144 jours de classe par an

A cet égard, la France se distingue particulièrement en Europe avec une moyenne quotidienne de six heures de classe. Sans compter les heures de soutien scolaire, qui se font souvent à l’heure de la pause déjeuner, pour ceux qui en ont besoin. Cette lourdeur du rythme quotidien aboutit à une extrême concentration des heures d’enseignement sur l’année: Un élève français a 144 jours de classe par an, alors que la moyenne européenne est de 180 jours. Le comité de pilotage de la réforme en avait d’ailleurs fait part au gouvernement dans son rapport où il était écrit :

A l’échelle de l’Union européenne, la France est le pays où les écoliers ont les journées de travail les plus chargées et les semaines les plus courtes […] le tout s’articulant sur un nombre de semaines lui-même plus restreint »

Un tour d’Europe des rythmes scolaires est – si l’on peut dire (!) – plein d’enseignements. 

Les bons élèves néerlandais

Aux Pays-Bas, où le nombre d’heures d’enseignement est le plus élevé d’Europe pour les 7-11 ans, on ne rigole pas avec l’école. Dès le premier jour du mois suivant son 5ème anniversaire, chaque petit Néerlandais est tenu d’aller en classe à plein temps. Dans les faits, la quasi totalité des enfants sont déjà scolarisés dès 4 ans (99%). Jusqu’à leur 16 ans, ils ont pour obligation d’aller à l’école 200 jours par an, d’août à juin, cinq jours par semaine avec généralement le mercredi après-midi de libre.

Cette rigueur semble porter ses fruits puisqu’au dernier classement PISA (Programme International pour le Suivi des Acquis des étudiants) qui mesure les compétences acquises par les élèves en lecture, mathématiques et sciences, les Pays-Bas arrivent en deuxième position des pays européens.

L’Allemagne cherche, elle aussi, son rythme

En Allemagne, les vacances sont bien différentes de celles qui existent en France, dans la mesure où chaque Land dispose ainsi de son propre calendrier. Il y a ainsi 16 zones différentes. De manière générale, les enfants sont en congé une semaine pendant l’hiver (l’équivalent des "vacances de février"), 10 jours à Pâques, une dizaine de jours en juin, deux semaines en été, une semaine en octobre et une semaine à Noël. Ces vacances assez réduites sont dues au fait que l’école se termine souvent en tout début d’après midi.

Le modèle est toutefois critiqué, non sur le calendrier des vacances, mais plutôt sur le système des lycées où les étudiants sont séparés en 3 niveaux différents en fonction de leurs résultats avec une sélection dès l’âge de 11 ans. Cela ne permet pas aux enfants en difficultés d’échapper à un écrémage pas toujours représentatif, et il est en plus très difficile de passer d’une école modeste aux "lycées d’élite", les Gymnasium.

Ce système a permis d’alimenter une filière d’apprentissage très efficace, mais ne favorise en rien l’ascension sociale. Aujourd’hui encore, le lycée (Gymnasium) est la voie des futurs universitaires et ingénieurs, la Realschule, celle des techniciens supérieurs et la Hauptschule, celle des ouvriers, qualifiés ou non.

L’étude PISA publiée en 2001 avait classé l’Allemagne en 21e position sur 31 pays analysés, créant une polémique dans le pays. Le Chancelier Schröder présenta ainsi l’année suivante un plan de 4,3 milliards d’euros destiné à permettre le passage à l’école à plein temps.

En 2003, les Länder et le gouvernement fédéral ont aussi créé un Institut pour le développement de la qualité dans le système éducatif (IQB). Celui-ci a défini pour la première fois de vrais standards nationaux en mathématiques, Allemand et langues étrangères.

Enfin, chaque Land a commencé à réformer son propre système, en fonction de ses moyens financiers. À Berlin, les maternelles ont été dotées d’un vrai programme éducatif et les écoles primaires se transforment peu à peu en école à plein temps. Les cours de langues étrangères débutent dès le CM1 et depuis 2007, tous les lycéens passent le même baccalauréat. Au dernier classement PISA, l’Allemagne était remontée à la 16ème place, juste en dessous de la moyenne des pays de l’OCDE.

Studieuse Italie

Pour les élèves italiens, l’arrivée de l’été est la première réelle occasion de souffler un peu ! Si l’Italie détient le record européen pour la longueur des vacances estivales qui atteignent 14 semaines, les élèves italiens de l’élémentaire sont aussi ceux qui restent assis sur les bancs de l’école le plus longtemps et à un rythme très soutenu pendant toute l’année.

Pas de Toussaint, pas de vacances de février, mis à part deux jours pour le Carnaval, et pas de vacances de Pâques !

Les jeunes Italiens des écoles primaires et élémentaires restent en moyenne pendant 973,5 heures par an à l’école, réparties sur un total de plus de 200 jours. En Italie, plus qu’ailleurs, l’été est donc véritablement synonyme de liberté pour les écoliers transalpins.

Dérégulation du système anglais

En Angleterre, l’année scolaire s’étend sur 190 jours, de septembre à juin, avec cinq journées par semaine de 9h00 à 16h00 environ, selon les matières. Le samedi, certaines matières optionnelles, comme notamment le sport, peuvent avoir lieu. Chaque établissement est par ailleurs libre d’organiser la journée à sa convenance.

Mais le gouvernement Cameron veut aller encore plus loin. Il encourage tout d’abord les écoles à sortir du système public pour pouvoir décider, dans une certaine mesure, elles-mêmes du contenu des cours, des horaires et des matières tant qu’elles enseignent au moins 190 jours par an. Une sorte de dérégularisation du système scolaire.
 
Le ministre de l’éducation veut également modifier les heures de cours du système public : de 7h30 à 17h30 chaque jour de la semaine, avec toujours la possibilité d’ouverture le samedi matin pour les options. Il projette aussi ajouter deux semaines de cours à chaque trimestre, soit un total de 40 semaines de cours par an. Les plus jeunes auraient donc une année cumulée supplémentaire de cours tous les cinq ans.
 
Les professeurs s’opposent majoritairement à cette mesure : ils travaillent déjà beaucoup chaque semaine et estiment que quantité ne signifie pas qualité. Ils rappellent également que les écoles sont souvent utilisées après la classe pour des activités annexes qui ne pourraient pas être repoussées à plus tard. Par ailleurs, le soleil se couchant tôt en hiver, les parents d’élèves s’inquiètent pour la sécurité de leurs enfants, qui rentreraient la nuit tombée.
Print Friendly

Répondre