PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

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La décentralisation du début des années 1980 a attribué la construction et l’entretien des bâtiments scolaires aux conseils régionaux pour les lycées et aux conseils généraux pour les collèges. Les communes ont conservé, quant à elles, la charge des écoles maternelles et élémentaires qui leur a été imposée dès la création de l’école. Ces décisions ont incontestablement permis une amélioration des conditions d’accueil des élèves dans les établissements. Les collectivités ont beaucoup investi, créant de beaux bâtiments neufs, aménageant les anciens pour permettre, au-delà des salles de cours classiques, de développer les activités scientifiques, informatiques, artistiques, câblant les lieux pour faciliter la circulation de l’information, soignant les halls d’accueil et les aspects extérieurs.

La géographie, le relief, le climat, l’organisation de l’espace déterminent fortement, on le sait, les activités humaines. L’habitat, la vie des hommes, les échanges sont différents au cœur de l’Aubrac, dans le pays d’Othe, dans la cité minière de Liévin, sur les plateaux et dans les vallées, etc. On peut donc penser que l’on ne vit pas de la même manière dans un bâtiment chaleureux, lumineux, fonctionnel que dans que dans un vieil établissement organisé par les couloirs.

Or, si les efforts des élus locaux ont été réels, les principes architecturaux de base sont fondamentalement restés les mêmes depuis la création de l’école. Il s’agit d’abord de construire des salles de classe pour les cours des professeurs, quitte à ajouter des classes spécialisées selon le type d’établissement. Le concept de base est la salle de classe qu’on finit même par appeler la classe comme on appelle la classe également le groupe de 25 ou 30 élèves constituant une division. Il faut des classes pour toutes les classes. Les architectes parviennent à casser un peu les longs couloirs avec 5 ou 10 classes, mais la commande qui leur est faire reste la même : pour X élèves, x classes.

Face aux difficultés constatées pour changer les pratiques, cherchant les leviers pour faire changer les choses, il me semble qu’il serait intéressant d’agir sur l’espace. Certes le problème n’est pas simple : on n’a pas le droit de concevoir des bâtiments pour l’école de demain quand les textes officiels en sont restés à l’école d’avant-hier, et le maintien de l’existant est un obstacle au progrès quand il ne sert pas d’alibi aux conservateurs.

Il faudrait pourtant déjà prévoir que les établissements ne seront pas que des couloirs et des suites de salles, qu’ils n’accueilleront pas que des classes mais des élèves, des enfants et des jeunes, que ces élèves voudront y vivre et pas seulement absorber des savoirs disciplinaires, qu’ils voudront pouvoir travailler en petits groupes autonomes, présenter leurs travaux, rencontrer des porteurs de savoirs autres que leurs professeurs, organiser des débats, satisfaire leurs curiosités, échanger, créer, jouer, vivre en commun. Il faudrait déjà prévoir que les parents voudront y trouver leur place, non pas comme seulement comme « parendélève » soumis, mais comme citoyens eux-mêmes porteurs de savoirs. Il faudrait prévoir que les professeurs y passeront plus de temps et qu’il leur faudra des lieux de travail et de rencontre…

Un projet éducatif pour 2012 qui ne prendrait pas en compte le problème de l’organisation de l’espace, de l’architecture, ne serait pas crédible. Mais vous n’êtes pas obligé d’être d’accord

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