PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In Education & Devenir – le 29 octobre 2013 :

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Rappelle qu’E&D a été fondée en 1984 après le ministère Savary qui a créé l’éducation prioritaire en 1982. Nécessité de refonder l’éducation prioritaire aussi.

32 années d’engagements, d’espoirs et de déconvenues dans l’éduc. prioritaire, des changements qui n’ont pas abouti aux résultats attendus. Penser une politique spécifique sans trop déroger au droit commun et aux « référentiels traditionnels » des politiques publiques d’éducation.

Les dysfonctionnements de l’EP ne sont pas des dysfonctionnements des politiques spécifiques mais davantage des dysfonctionnements du système et de son incapacité à gérer certains problèmes. Les fonctionnements spécifiques ont été absorbés par le système et ont vite perdu leur efficacité. 

Depuis 2012, des attentes mais peu de décisions ou de caps fixés à ce jour malgré des réflexions intéressantes.

1982 : Une conception active de l’égalité, qui réagit aux réalités et qui entend corriger les inégalités, actions pragmatiques qui s’appuient sur des réflexions sociologiques et universitaires ; renoncer à l’uniformité du système pour contribuer à réduire les inégalités dans des zones et des milieux où les taux d’échec scolaire sont très élevés. Après le départ de Savary, la politique d’éducation prioritaire a eu du mal à rebondir.

1990 Relance des ZEP sous le gouvernement Rocard dans le cadre de la politique de la ville. L’EN a fait preuve de résistances face à ces nouvelles politiques publiques sans se diluer dans une politique plus large. Les coordonnateurs d’éduc prioritaire ne travaillaient que dans le cadre de l’EN. Le rapport Simon Moisan ont pu mettre en lumière des spirales vertueuses. Denis Meuret en 1994 a pointé des différences de résultats au détriment des élèves de ZEP. Mais peu de résultats en 30 ans d’éduc prioritaire. La relance Jospin n’a pas vraiment abouti.

1998 e">3ème relance suite au rapport Moisan Simon avec le ministère S Royal. Catherine Moisan voulait cibler des territoires en mettant la priorité sur les apprentissages à travers des contrats de réussite. On parle alors de réseaux d’éducation prioritaire.

2005 e">4ème relance suite aux émeutes dans les quartiers sensibles qui ont remis en cause le fonctionnement du système éducatif. Gouvernement de droite. Dans la loi Fillon, rien sur l’EP. C’est Borloo qui évoquait les quartiers prioritaires à travers les contrats de cohésion sociale.

2006 relance à travers la mise en lumière des dispositifs de la loi de 2005 (conseil pédagogique, socle commun, PPRE …)

Concentration sur 249 réseaux ambition réussite avec des personnels supplémentaires déchargés de classe, qui ont pour objectif de dynamiser la vie pédagogique : 100 professeurs référents et 3000 assistants pédagogiques. Réflexion dans les établissements Ambition réussite autour d’objectifs concrets centrés sur l’action pédagogique. Voir le numéro des cahiers pédagogiques de fin 2012 sur « quelle éducation prioritaire ? ».

Au moment des états généraux.. .sur la sécurité, mise en place d’établissements ECLAIR avec une GRH nouvelle et des recrutements sur la base de la concordance entre projets professionnels et de projets d’établissement avec des chefs stabilisés sur cinq ans. Mais l’alternance de 2012 est passée par là.

Les inégalités scolaires trouvent leurs origines à l’école non dans des inégalités sociales. PISA a mis en lumière les piètres résultats du système français notamment pour les élèves les plus défavorisés. La nécessité d’une conception active de l‘égalité est plus que jamais d’actualité mais toutes les politiques d’EP n’ont jamais touché aux fondamentaux du système. 

2013 : un temps d’attente depuis l’alternance politique. Où en sommes-nous ?

Voir la note de la DEPP mai 2012 (état des lieux), rapport diagnostic sur l’éduc .prioritaire et études de chercheurs. Baisse des compétences de base sur cinq ans en établissement RAR.

Pierre Merle montre que les résultats nous amènent au scepticisme. Taux de passage en nde">2nde Gt en amélioration mais la difficulté apparait en fin de nde">2nde. Le dispositif RAR a stigmatisé des établissements et a vu le nombre de dérogations et donc augmentation de la ségrégation académique.

Thomas Piketti montre que l’EP coute peu par rapport à d’autres types d’élèves. si on baissait de 5 le nombre d’élèves en EP notamment dans les classes jusqu’à la e">6ème, cela couterait très peu. Cela aurait des effets réels sur l’efficacité des politiques publiques.

Délabelliser les établissements d’EP. Enlever le terme du territoire. Une vraie discrimination positive pour les personnels. Restreindre la logique de marché en contrôlant mieux la carte scolaire et en intégrant les établissements privés dans l’affectation (idée d’un grand service public unifié de l’éducation nationale intégrant public et privé)

Le rapport diagnostic a été fait par un comité interministériel (CIMAP) et non par l’EN. Les inégalités sociales et scolaires croissent et les résultats scolaires en EP baissent. 1/3 de décrochage chez les jeunes garçons des milieux des quartiers défavorisés au bout de 12 ans d’études et 40% de ces élèves en dessous du niveau nécessaire pour favoriser leur socialisation.

Propositions du CIMAP  :

· Réaffirmer l’objectif central de réussite scolaire pour tous et de tous (rappeler aussi par la cour des comptes)

· Travailler sur l’estime de soi et le bien être par rapport aux apprentissages

· Importance de la maîtrise de la langue, à l’oral d’abord, entrée dans la culture

· Des leviers pédagogiques efficaces en centrant la réflexion sur le travail dans chaque classe et en réduisant la corrélation entre le scolaire et le social. Associer éducatif et pédagogique.

· Avoir une école bienveillante (cf. l’article de Françoise Lorcerie le mérite ou l’amour )

· Réfléchir aux parcours cognitifs des élèves en évoquant l’école du socle et en intégrant les pratiques différenciées. Personne n’est formé pour faire face à des élèves qui ne savent pas faire (en termes de psychologie cognitive)

· Assurer et retenir des professeurs efficaces (et bien formés) qui puissent former des équipes autonomes en établissement. 

Conclusion de F Lorcerie :

Difficulté pour les chefs d’établissement d’incarner le pilotage pédagogique. Les pilotes n’ont pas les moyens de piloter. Claude PAIR évoquait un pilotage concerté (Chefs enseignants inspecteurs) avec une forte auto évaluation. Préférence de F Lorcerie pour un collectif professionnel. Exemple d’une école de Mons en Baroeul qui s’appuie sur la pédagogie Freinet. Il faudrait des équipes cohérentes avec de pédagogies cohérentes … comme dans le secteur privé sous contrat !

Les ESPE : la recherche pédagogique doit se développer mais il n’y a pas de formateurs ! aucun cadrage ministériel pour impulser la recherche en pédagogie et dégager une ligne budgétaire. Scepticisme : il faut le dire ! E&D doit dire ce qu’elle attend d’une politique en direction des publics les plus fragiles. 

Profiter des assises pour protester et revendiquer pour « aider » le ministre à décider enfin. Oser faire des propositions audacieuses (exemple : faire évoluer radicalement le système, changer le statut des enseignants ! )Importance du rôle de l’élève dans la construction de ses apprentissages, notamment des conseils de vie collégienne et lycéenne qui pourraient s’emparer de la vie des élèves dans les apprentissages. Dans la pratique, ces instances ne sont pas le lieu de ces débats. 

Faire confiance à des équipes autonomes qui sont en lien avec la recherche d’un côté et qui sont capables de rendre des comptes aux familles. (Exemple du Québec ou en Finlande où ces pratiques sont courantes) .

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