PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In Académie de Créteil :

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Sommaire

Présentation
I Réconcilier l’élève avec le scolaire et les apprentissages
II Optimiser les pratiques pédagogiques individuelles et  collectives
III Renforcer l’engagement partagé au sein d’une politique d’établissement
Conclusion

Le lycée professionnel constitue un enjeu particulièrement important au regard de la réussite de tous les élèves. Au coeur de la lutte contre la difficulté scolaire, il doit tout à la fois assurer, consolider et stabiliser l’acquisition des fondamentaux tels qu’ils sont définis dans le socle commun et construire les compétences ainsi que les attitudes indispensables à l’exercice professionnel et à l’insertion sociale.
Le lycée professionnel ne manque pas d’atouts dans cette entreprise. Il peut s’appuyer sur l’engagement des équipes enseignantes et éducatives et exploiter pleinement l’expérience acquise depuis des décennies dans la prise en compte des difficultés d’apprentissage. L’articulation entre formation générale et formation professionnelle, ainsi que celle entre établissements de formation et entreprises, lui permet de proposer des dynamiques nouvelles, porteuses de motivation et de remobilisation.
Ne laisser personne au bord du chemin
À l’issue du collège, le lycée professionnel scolarise, pour partie, des jeunes rencontrant d’importantes difficultés d’apprentissage. Ces lycéens ont bien du mal à se projeter dans leur avenir tant sur le plan scolaire, professionnel que personnel. Après douze à quatorze ans de scolarité, ces élèves qui éprouvent des difficultés, remontant parfois à l’école primaire, arrivent au lycée professionnel sans maîtriser totalement les compétences fondamentales, malgré tous les dispositifs et aides qui leur ont été proposés tout au long de leur scolarité. Refusant tout déterminisme et toute résignation et parce qu’il n’est pas « trop tard » pour faire faire à ces jeunes l’expérience de la réussite, nous engageons une mobilisation collective pour « ne laisser personne au bord du chemin ». Ce plan est structuré en trois axes complémentaires : le premier centré sur l’élève, le second sur les enseignements et le dernier sur l’établissement, lieu de mise en cohérence de l’action de chacun.
Un plan de lutte contre la difficulté inscrit dans l’ensemble des mutations engagées
Ce plan de lutte n’est pas une réponse isolée ; il s’articule avec l’ensemble des actions et des politiques engagées au sein du lycée professionnel tant au plan national qu’académique.
La réforme de la voie professionnelle, engagée il y a trois ans, doit permettre de développer, en articulation étroite avec les pratiques de classe et les besoins de chacun, une personnalisation des aides et accompagnements.
La prévention du décrochage et la lutte contre l’absentéisme ont été fortement relayées au sein de l’académie de Créteil, notamment au moyen d’un suivi renforcé et d’une personnalisation des parcours passant notamment par le développement des GAIN (groupe d’aide à l’insertion).
La montée en puissance du Parcours de Découverte des Métiers et des Formations dès le collège, mais aussi au lycée, devrait permettre d’améliorer l’éducation à l’orientation.
Le développement des actions de liaison avec les collèges tant en direction des élèves, des professeurs que des familles doit permettre de lutter contre le discours dévalorisant qui accompagne encore trop fréquemment l’orientation en voie professionnelle.
La mise en oeuvre du socle commun qui se développe au sein des collèges doit se poursuivre au lycée professionnel, afin de garantir à chacun la maîtrise de toutes les compétences constitutives des acquis fondamentaux.
La difficulté scolaire : une notion complexe
La notion de difficulté scolaire peut s’identifier comme un écart à la norme ; cette norme peut être appréhendée en termes de performances scolaires en référence à des attendus ou bien encore en termes de rapport à l’école en référence à des comportements jugés comme peu adaptés au cadre scolaire.
Les causes de la difficulté scolaire sont rarement univoques ; des registres différents des apprentissages sont donc en jeu : scolaire, cognitif, culturel, symbolique. Parmi elles, on retrouve :
des difficultés d’ordre affectif :
• liées au statut de l’élève, avec une difficulté ou une incapacité de l’élève à s’inscrire dans un rapport positif au savoir, à l’école et aux enseignants.
• liées à l’identité de l’élève avec une difficulté ou une incapacité de l’élève à vivre des situations de communication harmonieuses, à s’engager dans un projet, à s’autoriser à penser par luimême,
en dehors du groupe.
des difficultés d’ordre scolaire :
• dites instrumentales : ces difficultés viennent pour partie de procédures et de savoir faire « de base » (tables de multiplication identification des mots geste graphique…) non disponibles ou non automatisés, ce qui crée une surcharge cognitive empêchant de traiter les activités nécessitant une forte attention (résolution de problèmes compréhension production de textes…), et pour une autre partie d’une défaillance de la mémoire et de l’attention. Ces difficultés se manifestent par une maladresse repérable par un manque de soin, par exemple, une lenteur, une faiblesse dans l’autonomie, des difficultés dans la structuration du temps et de l’espace et par des défaillances dans l’accès au code de l’écrit.
• dites cognitives : ces difficultés sont liées à un déficit (pas à une déficience) de construction de la pensée. L’élève a du mal à construire une pensée déductive, a du mal à anticiper, à formuler des hypothèses, à décontextualiser les connaissances acquises et à les réutiliser dans un autre contexte d’apprentissage, à réinvestir les connaissances acquises lors des activités d’apprentissage dans une tâche plus complexe, à passer à l’abstraction…
L’origine des difficultés est très fréquemment attribuée à l’environnement de l’élève (familial, scolaire, groupe de pairs), voire à l’élève lui-même (capacités cognitives ou faiblesse de mobilisation/investissement). Peu d’équipes évoquent les pratiques pédagogiques et le « rapport à l’école », qui peuvent pourtant conduire à renforcer les malentendus sociocognitifs.
En effet, pour des tâches identiques, les élèves ne mobilisent pas les mêmes schémas cognitifs ; l’élève en difficulté percevra la tâche comme ayant une fin en soi, sans nécessairement faire le lien avec les apprentissages qu’elle porte ; il accentuera donc ses efforts sur le résultat présupposé attendu de la tâche sans la relier au sens global de l’activité et donc sans construire de nouveaux concepts liés aux objets de savoir.
Les dispositifs de remédiation mettant en oeuvre des pratiques pédagogiques identiques semblent avoir une efficacité limitée. C’est pourquoi, il est essentiel que l’ensemble des activités d’aide et de soutien mises en oeuvre soient explicitées, ancrées sur la classe qui reste le cadre à privilégier et que l’élève soit associé tant aux objectifs poursuivis qu’aux tâches définies à partir de ses besoins.
La lutte contre la difficulté scolaire
• appelle une prise en compte globale du lycéen, avec un investissement positif sur les potentialités du jeune ;
• suppose la mise en oeuvre d’une « pédagogie de la réussite », avec des gestes professionnels donnant sens au savoir ;
• requiert une action tant pédagogique qu’éducative qui doit articuler des réponses, pour une part collectives au sein de la classe et pour une autre part individuelles au sein de l’accompagnement personnalisé ;
• nécessite une mise en cohérence entre ce qui se fait durant le temps scolaire et les activités de projet en faisant entrer « l’exceptionnel du projet » dans l’ordinaire des apprentissages menés en classe au quotidien ;
• appelle un travail en direction des élèves, de leurs familles et des partenaires, notamment les « tuteurs d’entreprise » ;
• suppose une réflexion globale tant sur le fonctionnement interne de l’établissement, les pratiques pédagogiques qu’à l’externe, notamment en termes d’identité collective et d’image de l’établissement.

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