PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In Senat :

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"Extrait :

Les facteurs de réussite

Bien que les résultats du Canada aux enquêtes PISA varient selon les provinces, plusieurs facteurs de réussite peuvent être relevés.

Contrairement à la France pour laquelle ce sujet fait figure de tabou, le Canada identifie l’origine des élèves en difficulté, avec notamment la catégorie des populations minoritaires (francophones ou autochtones selon les provinces), celle des enfants de migrants ou des zones rurales. Les actions sont ensuite ciblées de façon adaptée à chaque province.

En outre, le taux de décrochage étant plus marqué pour les élèves souffrant de problèmes de santé (courants dans le domaine de l’ouïe et de la vue) ou vivant dans un environnement social défavorisé, des partenariats sont créés avec d’autres ministères afin de conduire des actions pertinentes. Tel est notamment le cas au Québec ou en Ontario, avec le ministère de la santé.

En 2007, ce programme pan-canadien d’évaluation a été mis à jour. Il permet de prévoir et d’expliquer les résultats du PISA et de développer une base commune en dépit de la pluralité des systèmes. Ce programme prévoit le suivi de 30 000 élèves. Cet échantillon, plus important que celui du PISA, permet aussi une interprétation plus précise que ce dernier. Il permet ainsi de constater les moins bons résultats des populations minoritaires (telles que par exemple les francophones du Manitoba) ou encore les meilleurs résultats réalisés par les écoles privées, ces derniers étant cependant équivalents à ceux des écoles publiques à niveau social égal.

Par ailleurs, ces enquêtes montrent l’importance de la lecture à la maison, ce qui permet de sensibiliser parents et enseignants à cette réalité.

Les enquêtes PISA conduites par l’OCDE permettent également un travail commun des provinces. Elles comprennent 22 000 élèves répartis dans 1 000 écoles.

A la question d’une éventuelle corrélation entre le niveau de formation des enseignants et les résultats des élèves, on peut clairement répondre qu’en ce qui concerne les mathématiques et surtout les sciences, un enseignant chevronné obtient de meilleurs résultats. Ce lien est moins probant pour ce qui concerne la lecture.

L’attention de votre délégation a cependant été attirée sur la difficulté pour le Canada d’attirer les étudiants vers la profession d’enseignant, notamment pour des questions de rémunération et de conditions de travail. Les rémunérations variant à la fois selon la formation, l’ancienneté et les provinces, les comparaisons internationales s’avèrent difficiles.

Certaines provinces prévoient des programmes ciblés afin d’aider les élèves ayant des résultats au PISA très dégradés.

Le ciblage de ces populations permet une compréhension plus fine des résultats (population minoritaire, migrant, élèves issus de milieux ruraux).

Le caractère diversifié et largement accessible des systèmes d’éducation du Canada atteste de l’importance accordée à l’éducation par la société.

Le Canada consacre d’importants moyens à l’éducation de ses jeunes.

En 2009, la dépense d’éducation) représente 6,5 % du PIB au Canada, contre 6 % en France.

En 2005-20063 l’éducation représentait 11,8 % des dépenses publiques du Canada, 10,6 % pour la France, 9,7 % pour l’Allemagne, la moyenne de l’OCDE étant à 13,3 %, sachant que ces données comprennent tous les niveaux d’enseignement, y compris le supérieur.

Le financement public de l’éducation est assuré directement par le gouvernement provincial ou territorial ou, à divers degrés, par des transferts provinciaux conjugués à des taxes locales perçues par le gouvernement local ou par les conseils et les commissions scolaires dotés de pouvoirs de taxation. Les règlements provinciaux et territoriaux, revus annuellement, établissent la structure de financement qui fixe le niveau de l’aide financière versée à chaque conseil ou commission scolaire au sein de chaque province et territoire, en fonction, entre autres facteurs, du nombre d’élèves, des besoins spéciaux et de la collectivité desservie.

En outre, les provinces concentrent parfois leurs efforts en faveur des écoles accueillant un nombre important d’élèves en difficulté.

Tel est notamment le cas pour les élèves issus de populations dites « minoritaires », dont les francophones hors du Québec ou encore les aborigènes.

Relevons que seulement 58 % des adultes possèdent les capacités de lecture nécessaires à la plupart des exigences quotidiennes et que 42 % ont de faibles niveaux d’alphabétisation.

Aussi priorité a-t-elle été donnée à la lutte contre le décrochage scolaire et au repérage des catégories de population les plus fragiles, afin qu’elles bénéficient d’aides ciblées, ainsi qu’il sera précisé ci-après.

En outre, les possibilités en matière de valorisation des acquis et de formation continue, y compris via Internet, sont très larges. D’ailleurs, en 2005, environ 26 % des Canadiens d’âge adulte ont utilisé l’Internet à des fins éducatives, de formation ou pour effectuer leurs travaux scolaires.

Le programme en tronc commun peut paraître plus limité qu’en France. Parallèlement, les élèves peuvent plus facilement s’épanouir et se spécialiser dans des disciplines variées, y compris dans les domaines sportif ou artistique. S’agissant de certaines disciplines rares, les établissements peuvent choisir de leur proposer des formations en ligne via Internet.

Comme dans d’autres pays anglo-saxons, l’accent est mis sur le développement de la confiance de l’élève en lui-même.

Ainsi, à l’école « Jules Verne » de Vancouver, votre délégation a pu assister à une compétition d’art oratoire pour des élèves d’une douzaine d’années, montrant la priorité donnée à l’expression orale, l’épanouissement de l’élève et la confiance en soi.

La Colombie britannique est assez emblématique à cet égard, le taux de réussite des élèves d’origine chinoise étant supérieur à ceux des autres communautés, y compris des anglo-saxons, ce qui s’explique sans doute par des facteurs culturels.

La diversité linguistique et culturelle est reconnue comme une valeur majeure du pays.

Un certain nombre d’interlocuteurs rencontrés par votre délégation, par exemple à Vancouver, ont souligné que le fait d’inculquer aux élèves, dès leur plus jeune âge, les vertus du multiculturalisme, constituait un facteur de limitation de l’échec scolaire.

Dans cette ville, votre délégation a visité l’école secondaire « Jules Verne ». Régi par le conseil scolaire francophone de Colombie britannique, cet établissement gère une quarantaine d’établissements qui scolarisent plus 4 500 élèves dans l’ensemble de la province.

Cette école scolarise gratuitement près de 200 collégiens et lycéens en langue française, l’objectif étant de leur garantir un véritable bilinguisme en fin de scolarité.

Conformément à la législation canadienne, qui prévoit l’obligation de proposer à toutes les familles francophones une offre d’enseignement dans leur langue, cette école accueille par priorité les enfants dont au moins l’un des parents est francophone.

Votre délégation a été impressionnée par la qualité du bâtiment et de ses équipements."

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