PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In Bloc-notes de Philippe Meirieu, le 16 septembre 2009 :

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À chaque rentrée scolaire, l’école se met à l’heure des lieux communs : inflation de clichés, bataille de slogans, ressassement d’injures éculées. Cette cacophonie bégayante est le signe du rapport compliqué que nous entretenons avec la question de l’éducation. Entre l’avenir de notre propre progéniture et celui de la nation, la modernité nous met en demeure de choisir : choisir l’école de nos enfants, au risque d’accroître la ghettoïsation ; choisir parmi la multitude des prothèses scolaires, au risque de vider la classe de son contenu ; choisir entre « donner raison au maître » et « donner raison à ses enfants », au risque de perdre toute cohérence éducative… Tel est le prix à payer pour l’effondrement des systèmes théocratiques qui inscrivaient nos décisions privées dans un projet collectif. Tel est le prix à payer pour notre incapacité à créer un vrai service public, associant les citoyens et les professionnels dans une recherche collective exigeante.

Pris entre des exigences contradictoires, certains cultivent alors la rhétorique du bouc émissaire : il y a deux semaines, à la une du Figaro, on désignait les « pédagogues » à la vindicte publique et me voilà coupable de l’effondrement du niveau, de l’absurdité des programmes, de la déliquescence de nos institutions, de la violence scolaire, etc. Tour à tour anarchiste, khmer rouge ou néolibéral, je serais le fossoyeur de « l’École de la République ».

Or, bien que militant depuis toujours de « l’Éducation nouvelle », j’ai passé mon temps à en débusquer les ambiguïtés. J’ai montré qu’elle est traversée de contradictions qu’il faut absolument repérer. J’ai souligné que bien des expériences censées favoriser la liberté des enfants n’ont fonctionné – comme à Summerhill – qu’au prix de l’emprise d’un personnage charismatique dont l’autorité était, en réalité, bien plus forte que celle dont il prétendait émanciper ses élèves. J’ai expliqué que, si des pédagogues, comme Célestin Freinet, ont délibérément milité pour une « école du peuple », d’autres, comme Adolphe Ferrière, voyaient dans l’autonomie concédée précocement aux écoliers une manière de faire émerger plus vite les futures élites.

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