PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In L’école de demain – le 27 mai 2013 :

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Innover c’est quoi au fait ? Faire du neuf pour faire du neuf ? Tout changer, tout transformer ? À quoi peut bien servir l’innovation ? À faire moderne ? À être plus efficace ?

Aujourd’hui la demande d’innovation est omniprésente mais ressemble fort à une injonction paradoxale de plus.

« L’innovation est associée à l’idée de progrès, de vie, de créativité et d’entrain. S’opposant à la routine et à l’ordre établi de trop longue date elle bénéficie souvent d’un jugement de valeur positif. » (Alter, 2010)

Il s’agit donc de pouvoir questionner les manières habituelles de faire, qui peuvent être inefficaces parce qu’obsolètes, inadaptées à un contexte qui a changé (massification, nouveaux enjeux) pour faire autrement en espérant que ce sera mieux. La motivation et un certain effet d’entraînement communicatif (pour les élèves, parfois aussi pour les collègues) sont inhérents à l’esprit d’innovation.

Mais ce n’est pas si simple, l’innovation oppose anciens et modernes, crée du désordre et de l’incertitude. La légitimité de ce qui « est fait depuis toujours » résiste (les devoirs, les notes par exemple) et l’on demande en revanche à toute nouveauté de faire illico et de façon flagrante la preuve absolue de son efficacité !

Innover est à la source de nombreux paradoxes et toujours une prise de risques, même quand c’est l’institution qui nous le demande ! Il faut essayer et voir ce qui se passe, ce qui suppose un climat suffisamment serein et une bonne dose de confiance en soi. Il semble plus facile de prendre ce risque en équipe, mais en même temps on ne peut indéfiniment attendre d’être dans une équipe prête à innover avec nous… On demande de la prise d’initiative tout en multipliant les méthodes de contrôle. Quand une innovation apparaît elle gène l’institution et si elle est ensuite légitimée et intégrée les acteurs de l’innovation, vécus comme les porteurs de changements imposés par le ministère, peuvent s’attirer les foudres de leurs collègues.

Quand on y pense, les enseignants sont sans cesse amenés à remettre en cause leurs croyances pédagogiques, à essayer du nouveau pour leurs élèves, innover est (devrait être ?) un mode de fonctionnement ordinaire

Alors si le conseil de l’innovation (voir ci-dessous) pouvait servir à impulser des envies, à sécuriser ceux qui se lancent, à faire connaître ce qui se fait, à réfléchir à ce qui peut se généraliser et à mettre un peu de cohérence dans tout ça, ce serait déjà pas si mal…

Un décret paru le 26 mars dernier installe officiellement un “conseil de l’innovation pour la réussite éducative”, ses missions sont ainsi fixées :

  • Impulser l’esprit d’innovation en matière de réussite scolaire et de réussite éducative.
  • Proposer des orientations en matière de politique d’innovation dans le domaine de la réussite scolaire et éducative. Son champ de compétence s’étend à l’enseignement des premier et second degrés.
  • Faire expertiser et évaluer les pratiques innovantes mises en place dans les territoires.
  • Diffuser les pratiques les plus pertinentes.
  • Organiser le débat sur l’innovation avec les acteurs de l’innovation (responsables du système éducatif, chercheurs, représentants des associations, etc.).
  • Animer en lien avec la direction générale de l’enseignement scolaire qui le pilote le réseau des conseillers académiques recherche et développement, innovation et expérimentation (CARDIE).
  • Il est composé de personnes issues de différents ministères (éducation nationale, justice, jeunesse et sport…), d’enseignants, de personnes issues d’association, de chercheurs, de cadres de l’éducation nationale, de parents et de personnes du monde économique.

Il est prévu qu’il se réunisse au moins deux fois par an, qu’il organise des groupes de travail et remette un rapport annuel à la ministre chargée de la réussite éducative sur ses travaux, présentant ses observations et propositions.

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