PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

L’insécurité scolaire, loin de constituer un phénomène nouveau, progresse, estime Georges Fotinos, Igen honoraire, auteur en 1995 d’un rapport [http://www.ladocumentationfrancaise.fr->http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/954062100/index.shtml] sur la violence à l’école, remis au ministre d’alors, François Bayrou.

Dans un texte adressé à l’AEF, il revient sur la polémique qui a suivi les dernières propositions de Xavier Darcos pour lutter contre la violence à l’école : fouille des élèves, intervention de forces mobiles d’agents, installation de portiques, sanctions financières pour les parents (L’AEF n°114358 [http://www.aef.info->http://www.aef.info/public/fr/abonne/depeche/depeche_detail.php?id=114358]). Il défend une « politique pérenne fondée sur le triptyque ‘Prévenir, Réprimer, Remédier’ ».

Par Georges Fotinos, Inspecteur général de l’éducation nationale honoraire

Depuis plus d’un mois, les médias par leurs articles quotidiens sur la violence à l’école (avec un amalgame fréquent avec les faits violents autour et près de l’école) promeuvent l’idée que c’est un phénomène récent, et soulignent la nécessité d’agir pour rassurer les acteurs de l’école et l’opinion publique.

Face à cette situation, véritable « problème de société » comme l’a défini Marcel Mauss, le pouvoir politique décide dans l’urgence et propose des solutions pour certaines peu adaptées au terrain.

D’abord et avant tout, il faut préciser que la violence à l’école n’est pas un phénomène nouveau : de nombreux chercheurs l’ont démontré. Saviez-vous par exemple qu’il y a juste 30 ans, une enquête de terrain réalisée par un Igen dans une cinquantaine de collèges avait mis en évidence que dans plus de la moitié d’entre eux, la police était intervenue, que dans un collège sur deux, des adultes avaient été agressés, que dans un collège sur trois, les bagarres avaient fait des blessés sérieux et que dans près de sept collèges sur dix, s’étaient produits des vols de matériels…

Toutefois, bien que loin d’être nouvelle, et même en régression pour les « violences les plus graves », l’insécurité scolaire progresse. Cette situation est en grande partie due à la convergence de deux phénomènes. Le premier : la multiplication par les élèves des comportements relationnels agressifs et « incivils » dans la classe et dans l’établissement. Le second : une extrême réactivité à la violence, rendue « taboue » par** **nos sociétés démocratiques qui fonctionnent désormais sur le dialogue, l’échange et le consensus. Ce tabou est accentué à l’école, « lieu sacré de l’apprentissage, du savoir et des connaissances » et fondement de la République. Ceci posé, l’examen de certaines mesures envisagées par le gouvernement suggère quelques précisions issues plus particulièrement d’expériences de terrain et de travaux personnels sur ce sujet (1).

Quid de la « sanctuarisation » ?

En conclusion du rapport ministériel indiqué en fin de texte, trois modèles d’actions de lutte contre la violence à l’école se détachaient : sécuritaire, identitaire et solidaire. « L’identitaire repose sur des actions qui affermissent et développent l’identité de l’établissement fondée sur le renforcement de la prévention pédagogique et éducative. C’est le type de l’établissement sanctuaire. » Une formule choisie et reprise par le ministre de l’éducation nationale de l’époque. À noter que dans le contexte actuel, cette « sanctuarisation » a pris un sens différent.

Quid de « l’autorisation de fouilles par les personnels de direction et d’encadrement » ?

Selon certains hauts magistrats, cette autorisation constitue une atteinte à la personne et ne peut relever que de la loi. Si la disposition est adoptée, il conviendrait qu’elle ne transforme pas les intéressés en auxiliaires de police. Se posera alors la communication éventuelle du résultat de la fouille aux autorités policières ou judiciaires s’agissant de mineurs… Une solution à ce problème réel ne passerait-elle pas par la création d’un corps « d’agents de sécurité » à l’image de celui mis en place par le conseil régional de Guadeloupe à la satisfaction de tous les acteurs ?


Quid du « policier référent » (créé en 1992) et de sa généralisation ?

Ce type d’action existe déjà et est apprécié par la plupart des acteurs de terrain qui en bénéficient. Toutefois la difficulté pour cette politique réside dans le choix des personnes. Ce n’est qu’après plusieurs années d’expérience et des formations appropriées que ce partenariat a convaincu la communauté éducative.

Quant à la brigade d’intervention « qui vient épauler sur le plan pédagogique le chef d’établissement en cas de difficulté ponctuelle relative à la discipline », un modèle nous en est offert par la CAAEE (cellule d’aide aux écoles et aux établissements) de l’académie de Versailles (L’AEF n°60765 [http://www.aef.info/public/fr->http://www.aef.info/public/fr/abonne/depeche/depeche_detail.php?id=60765]). C’est une équipe pluridisciplinaire qui est pour les chefs d’établissement « une écoute externe, distanciée, toujours disponible et qui privilégie dans les réponses apportées, la fonction conseil ».

Pour terminer, quelle que soit l’appréciation que l’on porte sur la focalisation « médiatico-politique » de ce phénomène récurrent, elle a le mérite de faire émerger de nouveau l’ardente obligation de la mise en œuvre d’une politique pérenne qui soit fondée sur le triptyque « Prévenir, Réprimer, Remédier ».

(1) – « La violence à l’école : état de la situation, analyse, recommandations », Documentation française 1995 (Rapport au ministre de l’éducation nationale),

– « Une école sans violences, de l’urgence à la maîtrise », Georges Fotinos et Jacques Fortin, Hachette éducation 2002,

– « Le climat scolaire dans les lycées et collèges. Constat, analyse, propositions », MGEN, 2005,

– « Le climat des écoles primaires. Constat, analyse, propositions », MGEN, 2006.

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