PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In Sgen Cfdt – le 2 avril 2013 :

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Sophie est enseignante dans une école à horaires spécifiques à Lomme depuis la rentrée.

Les parents d’élèves ont fait circuler une pétition pour le maintien du projet en 2013/2014.

Le projet :

Les 6 classes en élémentaire et les 4 de maternelle ont les mêmes horaires, on travaille 5 matinées et deux après-midi, en primaire le mardi et le vendredi, et  en maternelle, le lundi et le jeudi. Ce sont des animateurs qui prennent en charge les enfants pendant l’ATE (aménagement du temps de l’enfant).

Notre politique était que les enfants puissent choisir leurs ateliers, deux « parcours » par trimestre. Les ateliers ont été présentés en amont  fin juin. Les enfants  peuvent choisir photographie, théâtre d’ombres, marionnettes, cinéma d’animation, cirque, couture, langue des signes, patrimoine, alimentation, environnement, jardinage. Dans chaque groupe, il y a un animateur mairie et un professionnel (un professeur de l’école du cirque par exemple). Au départ du projet, les activités ont été proposées par l’équipe enseignante et la mairie a trouvé les contacts. Cela coute 800€ par an et par enfant. Ce sont des activités qui permettent de mettre en pratique les compétences du socle commun en relation avec notre projet d’école. On a voulu aussi brasser les enfants du même cycle. Dans chaque parcours, des élèves de CE2, CM1 et CM2 se retrouvent ensemble.

Notre difficulté est de pouvoir rencontrer davantage les animateurs, on manque surtout de temps de concertation, pour créer du lien entre les parcours et la classe, pour pouvoir monter un projet pédagogique et qui puisse être prolongé dans les ATE. Dans les 108h, on pourrait consacrer du temps pour la concertation avec les animateurs, sur place, après 16h30 (le midi, les animateurs surveillent la cantine). Ces concertations sont chapeautées par un comité de pilotage, le Copil.

Nous regrettons que ce soit la mairie qui décide au final pour des questions budgétaires, et que les enseignants qui se préoccupent de pédagogie ne soient pas suffisamment écoutés. L’intérêt de l’enfant devrait passer avant la logique économique. On tâtonne, c’est la première année, il y aura des ajustements à faire.

On tâtonne, c’est la première année, il y aura des ajustements à faire.

Bilan d’étape positif :

Cette organisation satisfait d’abord nos élèves. Nous aménageons des temps de parole en classe pour permettre ce retour et le dialogue entre les ATE. Les élèves en parlent et disent leur satisfaction. Les parents sont satisfaits, sauf ceux en maternelle pour les petits, quatre heures d’affilée, c’est trop long. Les parents d’élèves ont fait circuler une pétition pour le maintien du projet en 2013/2014.

En Conseil d’école, le retour est très positif. On travaille avec Claire Leconte, chronobiologiste qui a travaillé à Epinal, à Angers (Ndr : et à l’initiative d’un projet similiare à l’école Duruy, en zone Éclair à Lille). Elle a proposé trois temps d’évaluation de l’attention des enfants. Des épreuves d’attention dans les classes avec un protocole bien particulier et chronométré. Avant le test, l’enfant doit juger par lui-même s’il se sent disponible, s’il est fatigué, et après avoir fait son épreuve, il juge s’il a réussi ou pas. Claire Leconte a compilé toutes les épreuves et a fait un état des lieux l’an dernier avec l’ancien rythme. Cette année, avec le nouveau rythme scolaire, elle renouvelle l’évaluation avec son équipe d’étudiants. Les élèves repassent les mêmes épreuves d’attention. On verra si le rythme a une incidence ou non sur l’attention.

Nous, enseignants, nous constatons qu’au niveau de leur auto-évaluation, les élèves se sentent  moins fatigués,  et se sentent en réussite. L’an dernier, les parents craignaient surtout la suppression de la grasse matinée du mercredi. Ils avaient pris l’habitude de  coucher les enfants plus tard le mardi  soir. Des réunions d’informations  sur l’alimentation, le sommeil ont été organisées. L’objectif était que les enfants se couchent à heure fixe. Donc en plus des épreuves d’attention, pendant  dix jours, on a proposé aux parents un agenda de vie et de sommeil pour leurs enfants. On leur a demandé de jouer le jeu, de noter les heures de coucher et de lever, les cauchemars, les incidents de nuit éventuels, pour qu’on puisse estimer le nombre d’heures de sommeil de l’enfant en lien avec le taux de réussite des épreuves d’attention.

C’est un projet global, il faut travailler en collaboration avec les familles. Notre école est dans un milieu mixte et on a beaucoup de familles défavorisées.

Notre politique était que les enfants puissent choisir leurs ateliers, deux « parcours » par trimestre.

L’équipe est satisfaite de porter ce projet : on avait dit au départ qu’on n’allait pas le faire, mais en fait, on reste souvent à l’école les après midis des ATE! Car on a le sentiment de faire mieux notre travail, d’être beaucoup moins stressé, on prépare mieux notre classe, on a plein de rencontres informelles, on parle beaucoup plus des élèves. On voit ses collègues en vrai!

Ecole expérimentale ?

Ma directrice est à l’initiative du projet. Elle a contacté l’école Duruy à Lille et la chronobiologiste. Ensuite le projet est parti vers la mairie, dont le maire était Yves Durand. Il était très intéressé. Il cherchait une école pilote. Ensuite, l’interaction s’est faite entre la mairie, l’école et l’inspection. Notre inspecteur est en train de créer des pôles d’excellence. Des familles d’autre quartier viennent pour inscrire leur enfant, de villes avoisinantes (Ndr : milieu très favorisé) malgré la crainte de la fatigue du mercredi.

Personnellement, j’adore travailler le mercredi en classe avec mes élèves. Je ne pensais pas dire ça en tant que maman (Ndr : Sophie est maman de deux enfants scolarisés dans l’école maternelle en Grande et en Petite Section). Même si le vendredi est plus difficile pour ma fille qui est en petite section et qui est plus fatiguée. Le samedi et le dimanche, je ne décale pas leurs horaires. Mes enfants adorent les ATE.

L’aide personnalisée.

Personnellement, je ne souhaite pas qu’on la supprime parce que je vois les effets positifs sur mes élèves. Et ils sont demandeurs ! Le rituel se répète, et me permet de bien suivre surtout mes élèves en difficultés qui n’ont plus de Rased. La supprimer ce serait dommage.

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