PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

« Face aux besoins qui émergent dans les établissements, notamment pour accompagner la mise en œuvre des réformes, l’échelon du bassin s’avère pertinent pour agir sur le plan pédagogique, à partir d’une prise d’informations et d’un diagnostic partagé entre professeurs, chefs d’établissement, corps d’inspection et autres partenaires », indique Sylvie Leguil, IA-IPR dans l’académie de Nancy-Metz et inspectrice référente de BEF (bassin d’éducation et de formation), en conclusion d’un atelier consacré aux moyens de « construire un plan d’actions pédagogiques à l’échelle d’un territoire », le 16 janvier 2013 au CRDP de Nancy. Concrètement, « un plan d’actions pédagogiques » peut être élaboré « à partir d’objectifs partagés, réalistes et réalisables ». « Un plan d’actions efficace repose sur une bonne communication, une connaissance mutuelle, la mutualisation et le partage des ressources, un plan de formation en réponse aux problématiques du terrain, des échanges de pratiques, sans oublier la mesure des progrès des élèves et la mémoire du travail réalisé », restitue-t-elle.

 Quelque 120 inspecteurs (du premier et du second degré) et chefs d’établissement référents de BEF étaient rassemblés à l’occasion d’un séminaire académique sur le thème « quelle refondation pédagogique pour l’école ? », lancé par la rectrice Béatrice Gille, en présence de Ghislaine Desbuissons et Viviane Bouysse, inspectrices générales de l’Éducation nationale (1).
 Voici les principaux enjeux posés par une démarche pédagogique de bassin, relevées dans le cadre d’un atelier composé de représentants des BEF de Nancy-Pont-à-Mousson, Metz, et Thionville-Hayange-Rombas :

DIAGNOSTIC. Avant d’établir un plan d’actions pédagogiques au niveau d’un BEF, « il faut réfléchir à la capacité de mener un diagnostic du bassin », avance d’emblée Nathalie Gautier, IEN IO. « Ce diagnostic ne saurait être indépendant du contexte académique, donc des commandes institutionnelles. Pour autant, il y a des éléments spécifiques du terrain, qui peuvent nécessiter des réponses particulières : à titre d’exemple, on peut constater, sur un bassin, des aller-retour d’élèves entre le secteur public et le secteur privé », dit-elle.
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> D’ailleurs, les inspecteurs référents de bassin peuvent « apporter des informations sur le bassin » et « y prendre des informations » (dans le cadre des réunions de commission de bassin), poursuit l’IA-IPR Sylvie Leguil. « Les différents partenaires sont co-responsables de la réussite des élèves qu’ils accompagnent dans leur parcours. Comment assurer la continuité et la cohérence, comment construire l’école du socle, si l’on ne travaille pas ensemble ? », pointe-t-elle.

 MUTUALISATION. Pour sa part, Alain Cremer, animateur du BEF de Thionville-Hayange-Rombas et proviseur de lycée professionnel, pointe l’intérêt de « faire remonter et mutualiser les besoins du terrain ». « L’échelon du BEF, à l’intersection entre la ligne d’intervention verticale allant de l’académie à l’établissement, et la ligne horizontale regroupant les différents niveaux du système éducatif, est porteur de cohérence, d’enrichissement », estime-t-il.

 Ainsi, l’échelon du BEF est un lieu où existent déjà des formations sur les liaisons inter-degrés (CM2-6e, 3e-lycée et lycée professionnel, lycées-post-bac), relève-t-il. Ces temps de mutualisation et d’échanges réciproques nécessitent « la mobilisation de tous les acteurs du territoire, du 1er degré au post-bac ». « Nous avons besoin d’être là tous ensemble, et dans la durée : sur la liaison ‘école-collège’ par exemple, j’ai pu constater qu’une situation favorable peut se détériorer d’une année à l’autre, parce que les personnes en place tournent, ou que le pilotage change. Des échanges renforcés sont nécessaires, tout en gardant la souplesse du BEF », témoigne Alain Cremer. « En tout cas, pour que l’adhésion des acteurs du BEF soit durable, elle doit en permanence s’appuyer sur du concret et des bénéfices dans la classe », constate-t-il.

 ACTEURS. Pour construire un projet pédagogique de territoire, plusieurs « leviers d’amélioration » sont à actionner, notamment en termes d’acteurs mobilisés au niveau du bassin. Dans le cadre du diagnostic engagé dans le bassin de Nancy, l’animatrice de BEF et principale Isabelle Jacquot estime que « beaucoup de choses se font » (à l’échelle du bassin). « Il y a des demandes, de la part des chefs d’établissement. Pour autant, il faudrait renforcer le lien avec les corps d’inspection. Certes, nous travaillons avec l’IA-IPR référent et l’IEN référent. Mais comment avoir un impact sur le projet pédagogique des établissements ? À quel moment pourrait-on se retrouver avec les IEN des 1er et 2nd degré ou encore le directeur de CIO, pour travailler ensemble ? », interroge-t-elle.

De fait, certains inspecteurs pointent la nécessité d’apporter une « clarification » sur le fonctionnement des commissions de bassin, mais aussi de « donner une légitimité à leurs animateurs ». « Il faudrait se demander si le suivi d’actions à tous les échelons ne conduit pas à une perte d’énergie », souligne un IA-IPR, préconisant plutôt « une structure légère » à l’échelle du BEF. Selon quel calendrier travailler ? « Il faudrait faire le choix d’une thématique en début d’année, et y consacrer quelques réunions, sous forme d’opération limitée, qui corresponde à la demande des chefs d’établissement et où les inspecteurs du 1er comme du second degré convergeraient », estime cet inspecteur. A contrario, une autre IA-IPR de l’académie pense qu’ « un thème comme celui de la lecture nécessiterait une réflexion approfondie, avec suivi de cohortes et une prise en compte de ce qui se fait dans le primaire ».

 L’intérêt du BEF est de pouvoir « rencontrer tous les chefs d’établissement », estime Christine Ferrari, IEN-EG référente de bassin. « Nous [inspecteurs] pourrions y travailler sur le parcours de l’élève, sachant que, nous sommes tous des maillons d’une même chaîne ». Pour elle, les inspecteurs du 1er degré comme ceux du 2nd degré auraient « le même pas » à effectuer pour « alimenter le BEF en réflexion pédagogique » : « comment se servir du BEF et en faire un lieu d’opérationnalité des politiques éducatives ? ».

 « ÉCHANGER ». « En guise d’exemple, nous pourrions, en commission « pédagogie » dans le bassin, travailler sur l’accompagnement des élèves, problématique commune qui traverse toute la scolarité des élèves », illustre Sylvie Leguil
À ce propos, un IEN prône le témoignage sur les pratiques pédagogiques, entre professionnels du 1er et du 2nd degrés. « Dans les stages de liaison école-collège, je suis souvent surpris par le degré de découverte mutuelle [entre professeurs] sur les façons d’appréhender la difficulté scolaire, mais aussi les démarches pédagogiques. J’ai aussi pu constater qu’en parlant, en montrant, nous arrivons à des échanges structurants. Un plan d’actions à l’échelle territoriale devrait prévoir de tels temps d’information mutuelle », dit-il. De son côté, Alain Cremer (proviseur du LP Sophie-Germain, Thionville) évoque « l’expérience positive » des Cordées de la réussite, dans le district de la Fensch, qui, « en associant collèges et lycée, chefs d’établissement et inspecteurs, a permis de diminuer de moitié les taux de redoublement et de réorientation en fin de seconde, grâce essentiellement aux échanges très concrets entre les enseignants sur les pratiques d’accompagnement ».

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