PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

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L’école ne pourra pas continuer comme elle le fait en laissant les structures et les acteurs se résigner, en aménageant quelques changements superficiels à la marge et en ajoutant des dispositifs sans toucher au fond, en refusant l’évidence du développement de l’ennui des élèves et de la violence, en fermant les yeux sur le désenchantement et la démobilisation de ses enseignants, en persistant à se fourvoyer dans le stupide pilotage par les résultats, en confondant évaluation et contrôle, en ne rompant pas avec le fonctionnement pyramidal en tuyaux d’orgues et parapluies, en se rendant complice du règne de l’apparence…

 

Elle pourra encore moins continuer comme elle le fait si elle persiste à succomber aux charmes de la nostalgie et à la démagogie des retours en arrière (les nouveaux vieux programmes de 2008, la morale, le b-a ba, les préalables, etc)

 

Deux éléments du système le lui interdiront bientôt, qu’il le veuille ou non, que ses responsables aient une vision prospective ou non, que les moyens revendiqués lui soient attribués ou non, que les résistances au changement se renforcent ou s’effritent, que les lobbies conservateurs et/ou corporatistes s’incrustent ou non dans l’opinion.

 

Faute de réforme profonde, de refondation, le système explosera laissant la place à la marchandisation, au libéralisme exacerbé, à la disparition à terme du service public d’éducation.

 

Les deux éléments ou facteurs qui imposeront le changement et qui pourraient être dores et déjà des leviers puissants, sont d’une part le numérique et d’autre part le territoire.

 

Le numérique parce qu’il modifie profondément le rapport aux savoirs des enfants et des jeunes.

 

Bien plus que la découverte de l’imprimerie et que la télévision, ces technologies que l’on persiste à appeler nouvelles alors qu’elles auraient pu ou du impacter la pédagogie depuis plus de 15 ans déjà, permettent à la fois un accès illimité aux savoirs et la mise en réseaux d’apprenants pour échanger des savoirs en dehors du système formel d’enseignement. Le système éducatif ne pourra pas ignorer encore longtemps qu’il n’est plus le seul médiateur ou dispensateur de savoirs et qu’il n’est pas le seul formateur de compétences.

 

Le territoire parce que la décentralisation, le désengagement de l’Etat, l’évolution des besoins su système éducatif qui fait que les responsables et les usagers se retournent toujours davantage vers leurs interlocuteurs de proximité que sont les maires, les conseillers généraux et régionaux, se développent sous nos yeux.

 

Les chefs d’établissement et les inspecteurs n’ont pas de pouvoir et pas de moyens, le recteur (l’inspecteur d’académie étant aujourd’hui totalement assujetti) est très loin et sa principale préoccupation aujourd’hui est de rechercher les économies. Les collectivités sont donc de plus en plus sollicitées, plutôt en tant que « tiroir-caisse » qu’en tant que partenaire.

 

Les élus n’ont guère la parole quant à l’utilisation des fonds demandés. Quand ils exigeront légitimement la possibilité d’intervenir dans les choix et dans l’élaboration de projets, même sans aller jusqu’au « qui paie décide », ils modifieront fortement le paysage éducatif et ses pratiques. Ils pourront être aussi bien un danger qu’un levier. De véritables projets éducatifs territoriaux imposeront des changements, en bien ou en mal, mais ils les imposeront. Même en ayant un cadrage national fort, indispensable à la cohésion, à la lutte contre les inégalités, à l’équité, la tendance est lourde et probablement irréversible.

Il faut se préparer à ces révolutions. Même s’il est déjà tard, il faut anticiper.

 

La pire des positions serait le repli, la recherche des éléments de la numérisation et de la territorialisation susceptibles de permettre de conforter l’existant sans le transformer, la pérennisation du règne de l’apparence.

Mais vous n’êtes pas obligé d’être d’accord.

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