PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Comment envisager de refonder l’école sans se préoccuper de l’architecture des établissements scolaires ? Peut-on entreprendre une révolution numérique sans oser bouleverser les espaces, la salle de classe, pour permettre l’intégration des ressources électroniques et le recours à des pédagogies innovantes ? Comment penser la coopération, dans des bâtiments aux couloirs interminables, étroits, distribuant des salles de classes en enfilade ? Ne doit-on pas raser toutes les écoles Jules Ferry, tous ces collèges construits sur des modèles standardisés, d’une pauvreté architecturale désopilante ou, encore, tous ces lycées dont Foucault, dans son livre « surveiller et punir » [1] souligne la proximité architecturale avec les prisons et les casernes ?

Ces questions semblent, bien évidemment, compte tenu du coût de construction d’un établissement et des ressources budgétaires des collectivités territoriales, rhétoriques !

Cependant, de nombreux programmes de construction et rénovation sont actuellement en cours ou à venir. Les décideurs et concepteurs ne doivent pas rater l’occasion d’y impliquer étroitement toute la communauté scolaire y compris les élèves. L’expertise des praticiens, porteurs d’une connaissance d’usage de leur établissement, des objectifs d’apprentissage à atteindre et des compétences à acquérir, mises au service de la conception d’un projet architectural est une source d’enrichissement pour les concepteurs et les élus.

L’histoire nous enseigne [2] que l’architecture n’est pas neutre mais révélatrice de la politique éducative que l’on souhaite mener, des fonctions politiques, sociales et pédagogiques assignées à l’école, du citoyen que l’on entend former. Car, audelà de l’urbanisme et de l’architecture, c’est bien l’élève et sa réussite qui doit être au centre des préoccupations des décideurs et des éducateurs. L’architecture doit permettre l’épanouissement de pédagogies coopératives, actives, différenciées, propres à former des citoyens autonomes, responsables, conscients des enjeux environnementaux et préparés aux défis sociétaux.

Or, puisqu’il est impossible de tout raser, que faire ? Ce dossier montre que l’architecture scolaire n’est pas un frein quand la volonté des enseignants est forte de mettre en place des pédagogies innovantes. Même face à un cadre imposé, l’équipe éducative dispose de marges de manoeuvre permettant de dépasser les obstacles et d’organiser des espaces d’apprentissage propices à la coopération et à la réussite de tous les élèves.

Marie-France Rachédi

[1] 1975 éditions Gallimard.

[2] Voir l’excellent dossier de Marie Muller de l’Ifé (Institut Français de l’Education) : « De l’architecture scolaire aux espaces d’apprentissage : au bonheur d’apprendre : http://ife.ens-lyon.fr/vst/DA-Veill…

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