PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

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Extrait : " La question du pouvoir des professionnels sur les parents : un non-dit dans le travail social
Mon propos est donc construit à la fois sur un axe de recherche et sur une pratique de terrain. Il rejoint ce qui a déjà été dit lors de ce séminaire. La première loi sur le droit des usagers date de 1984. Depuis, il y a certes eu des évolutions, mais il semblerait qu’il soit toujours aussi difficile de travailler simultanément la protection de l’enfant et le soutien des parents. Du côté des parents, les interventions des travailleurs sociaux restent perçues comme violentes et ils se sentent exclus de l’éducation de leur enfant. Du côté des professionnels, le positionnement est difficile à trouver, entre le maintien du lien à tout prix et la mise à l’écart des parents, entre l’intérêt de l’enfant et le soutien des parents, comme si l’un et l’autre devaient toujours s’opposer.
C’est donc l’écart entre le contexte légal, les discours qui tendent à défendre le droit et la participation des parents (tous les projets d’établissement posent ce principe) et la réalité des pratiques qui m’a posé question.
L’intervention sociale de moins en moins fondée sur l’autorité judiciaire
Si j’ai choisi de traiter cette question à partir du concept de pouvoir, c’est parce qu’à mon sens, cette notion est, plus ou moins volontairement, absente ou considérée comme taboue dans notre secteur. Soit les travailleurs sociaux imposent leurs décisions aux parents sans négociation (quand les parents adhérent ou ne contestent pas), soit ils se retranchent ou se reposent sur les décisions du juge des enfants (notamment quand les parents sont opposants) : « ce n’est pas nous qui décidons, c’est le juge ». De plus en plus de parents ne sont pas dupes et renvoient les travailleurs sociaux à leurs responsabilités. C’est le cas d’un père que j’ai rencontré lors de mon travail de recherche et qui formule clairement les choses : « vous dites que c’est le juge qui décide, mais le juge il décide en fonction de ce que vous écrivez, vous êtes les yeux de la juge. »
Et si l’on applique les termes de la loi de 2007, qui invite à ne plus solliciter l’autorité du juge des enfants que dans des conditions restreintes, on devrait ne plus pouvoir autant se référer au juge pour justifier nos interventions. Ce qui devrait nous amener à nous interroger sur ce qui fonde notre légitimité, en dehors de l’autorité judiciaire."

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