PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In Groupe Ecolo, Assemblée Nationale – le 10 juillet 2014 :

Accéder au site source de notre article.


Barbara Pompili est intervenue lors des débats en commission sur le rapport relatif aux relations entre parents et école, levier essentiel pour la démocratisation de la réussite.

Monsieur le Président, Madame la Rapporteure, Cher-e-s collègues,

Je tiens en premier lieu à vous remercier pour cet excellent rapport dont nous partageons tant les constats et les analyses que les préconisations.  Je pourrai presque m’arrêter là… Comme vous l’avez rappelé, les relations parents – école sont déterminantes pour la construction de la réussite scolaire. C’est un levier de la « démocratisation de la réussite » qui fait tant défaut à l’institution scolaire. C’est pourquoi organiser ce partenariat est important.

D’où, aussi, bon nombre de mes prises de positions lors des débats sur la Refondation de l’école. J’avais alors plaidé – avec quelques collègues – pour la création d’un statut pour les délégués des parents – préconisation que l’on retrouve ici. Et c’est à la suite des discussions autour de cet amendement qu’il a été décidé de créer cette mission d’information. Et vu la qualité de ce rapport, je ne regrette pas.

J’espère que les 25 préconisations que vous venez d’exposer auront des suites concrètes. Car il s’agit d’agir pour que les parents trouvent un rôle à jouer au sein de l’école, afin qu’ils reprennent confiance en l’institution scolaire. Ils ne doivent pas devenir des consommateurs d’école ni des surveillants des enseignants. De leur côté, les enseignants et l’ensemble des équipes doivent accepter de co-construire les politiques éducatives et s’ouvrir aux parents… qui sont aussi responsables de l’éducation de leurs enfants qui dépasse le seul temps à proprement parler « scolaire ». Si les PEDT, dans le cadre de la réforme des rythmes, sont un excellent outil au service de cette co-éducation… cette approche doit se manifester  via d’autres biais.

L’accent doit par exemple être mis, et vous l’avez dit, sur la formation initiale et continue des enseignants et celle des équipes pédagogiques – c’est la proposition 23 – pour que les bases de ce nouveau partenariat soient faites siennes par les futurs enseignants et ceux déjà en activité.

Si je partage pleinement les préconisations de ce rapport, deux points manquent néanmoins, d’après moi, la question des devoirs à la maison et celle de la notation alors qu’ils participent aux mauvaises relations parents-école.

Les devoirs à la maison contribuent et on l’a vu à des nombreuses reprises à accroître les peurs des parents vis-à-vis de l’école, à dégrader la relation avec leurs enfants et aggravent l’échec scolaire. Ils devraient d’ailleurs être interdits, pour les élèves d’école élémentaire, depuis le décret de 1956 !

Quant à la notation chiffrée : elle est stigmatisante, souvent mal comprise et ne donne qu’une très faible indication des apprentissages des élèves. La remise personnalisée aux parents d’un bulletin trimestriel (proposition 13) est une première étape intéressante pour rénover l’évaluation dans le sens d’un meilleur dialogue… Mais j’espère que les réflexions en cours sur l’évaluation des élèves inclura vraiment cette dimension école-parents.

Il faut aussi donner une dimension citoyenne au rôle des parents d’élèves. Expérimenter les « collèges de parents » comme vous le préconisez est une bonne chose. D’autres dispositifs et approches existent, notamment au Québec, qui mériteraient d’être regardés de plus près.

Plus globalement, l’échec scolaire ne doit pas être vu comme l’échec de certains élèves mais comme celui de l’institution face à la démocratisation scolaire. Il n’y a pas de « parents démissionnaires » comme vous l’avez indiqué.

Et, pour interroger les vrais raisons de cet échec de la démocratisation de la réussite, il faut mettre tous les acteurs autour de la table – y compris les parents – pour créer les conditions d’un dialogue renouvelé avec l’élève et sa famille, pour que la méfiance réciproque se résorbe. Il faut par exemple mettre en place de la médiation comme vous le suggérez, mais aussi des mécanismes de découverte du système scolaire pour que les familles – et notamment celles qui sont les plus éloignées de l’école – ne soient pas en situation de rejeter une institution scolaire qu’elles comprennent mal ou pas. Car c’est alors la porte ouverte à toutes les campagnes qui disqualifient l’école publique. Comme d’une certaine manière, la polémique sur les ABCD de l’égalité.

L’école ne doit renoncer à aucune de ses valeurs mais les instaurer dans le dialogue avec l’ensemble des acteurs. Des dispositifs très intéressants existent déjà, comme à Amiens par exemple où la mission s’est rendue avec l’opération « ouvrir l’école aux parents ».

Mais il faut aller encore plus loin et ouvrir grand les portes et les fenêtres de l’école afin d’en faire un lieu de vie où chacun à sa place : éducation nationale, familles, enfants, collectivités, associations, secteur médico social… Si je souscris pleinement à la proposition 13 visant à permettre aux parents d’accompagner leurs enfants dans les classes de l’école élémentaire, comme c’est l’usage en maternelle… des rencontres régulières doivent aussi être organisées car on ne peut plus accepter, comme vous le dîtes, un système qui « convoque » les parents une fois par an ou en cas de problème ! Il pourrait aussi être intéressant de réfléchir à la manière dont les inspecteurs pourrait inclure la voie des parents d’élèves…et  pourquoi pas aussi celle des élèves… dans leur suivi et accompagnement du travail des enseignants.

Et, pour conclure, je souhaite aussi insister sur l’inclusion des élèves handicapés. C’est un point de friction identifié par la mission. Mais, les propositions manquent alors que les progrès à faire restent malheureusement énormes !

Merci pour ce travail.

Print Friendly

Répondre