PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

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Remettre l’humain au cœur de l’école

C’est spectaculaire et étonnant : en quelques années, en bien peu de temps au regard de l’histoire, l’humain disparaît de l’école.

La tyrannie de la logique interne formelle des disciplines scolaires cloisonnées, l’administratisation, la technicisation, l’évaluationnite aiguë, l’insensé pilotage par les résultats parviennent à évacuer l’humain de l’école, sauf, peut-être encore et heureusement, à l’école maternelle qui résiste.

En privilégiant l’apparence plutôt que la réalité, en se focalisant sur les résultats plutôt que sur les procédures et sur la pédagogie, en sacrifiant l’accompagnement et l’analyse au profit de la mesure et du snobisme, en renforçant l’autoritarisme du management au détriment du plaisir d’enseigner et d’apprendre, on détruit ce qui est pourtant l’essentiel de l’acte éducatif, la qualité de la relation humaine, la nécessaire compréhension de l’autre, enfant ou adulte, la richesse potentielle du triangle « savoirs / élève / maître » quand il est fondé sur une vision positive et sur une volonté d’élever et de s’élever

En peu de temps, avec le talent des gouvernants et de l’encadrement intermédiaire, on fait en sorte que cette disparition de l’humain entre dans l’ordre des choses, qu’elle apparaît logique et incontestable. Evidemment, cette évolution n’est pas neutre. Elle s’inscrit dans la logique de l’exacerbation de l’individualisme, de la compétition, de la fatalité de l’échec malgré « les bonnes œuvres » comme l’aide individualisée pour préserver les bonnes consciences

L’éducation formelle se désincarne. Les grilles, tableaux, enquêtes, évaluations standardisées transforment tout en machines et en numéros. On ne voit même plus le regard de l’enfant, sa détresse, son plaisir de découvrir, sa joie de partager. Il pèse 43,5% d’échec à l’item 4.3.3. de l’enquête XXL. D’ailleurs on ne le regarde plus, on ne regarde que les traces réalisées sous les contraintes et on en fait des diagrammes pour les « power point » de rigueur. On ne sait pas pour quelles raisons l’enseignant choisit telle ou telle pratique, en fonction de quelles représentations et de quelle histoire personnelle. Cela n’a aucune importance, c’est le résultat qui compte.

La tendance s’est amorcée insidieusement avec la pression sur l’école depuis les années 60, avec le début de l’évaluationnite dans les années 90. Elle s’est développée avec les nouveaux vieux programmes de 2008, le pilotage par les résultats, la paperasserie et le formalisme, l’autoritarisme sans précédent. Elle laisse l’école dans un état de crise majeure dont tout le monde est loin d’avoir clairement conscience.

Que l’on ne se méprenne pas ! Le développement des TIC a pu et peut servir cette évolution, mais il n’en est pas la cause. Chacun sait que la technologie n’est qu’un outil et qu’elle peut être mise au service d’autres desseins… plus humains et même éminemment humains quand elle permet la prise en compte des compétences et des savoirs acquis hors de l’école et l’observation des démarches et des procédures. Les témoignages diffusés par Educavox le démontrent chaque jour.

Le vrai problème est de comprendre comment on a pu en arriver là et comment faire pour remettre l’humain à sa place. La tâche sera rude… surtout si les décideurs ignorent eux-mêmes son importance.

Mais vous n’êtes pas obligé d’être d’accord !

 

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