PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In L’Express – le 16 janvier 2014 :

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Dans son plan pour la refondation de l’éducation prioritaire, Vincent Peillon réaffirme sa volonté de développer l’accueil des moins de 3 ans dans les écoles, spécifiquement dans les nouveaux réseaux d’éducation prioritaire. Mais où les villes vont-elles trouver l’argent nécessaire à l’accueil de ces élèves supplémentaires? 

En France, 13,6% des enfants de moins de 3 ans sont scolarisés.

afp.com/Eric Cabanis

C’est la Mesure "numéro 1", celle qui figure tout en haut du dossier de présentation de la refondation de l’éducation prioritaire: "Pour favoriser la réussite de leurs apprentissages, la scolarisation des enfants de moins de 3 ans sera progressivement assurée dans l’ensemble des réseaux de l’éducation prioritaire". Plus loin, le document précise qu’il faudra prévoir une classe par réseau d’éducation prioritaire (REP, ex-ZEP) pour accueillir les enfants de 2 ans et plus.  

La relance de l’école avant 3 ans n’est pas une nouveauté au ministère de l’éducation nationale. Il y a un an tout juste, une circulaire annonçait un objectif de 30% des moins de 3 ans scolarisés dans les milieux défavorisés avant 2017.  

La marche à franchir est haute car en 10 ans le taux moyen de scolarisation des "Toutes petites sections" (TPS), a chuté de 34,5% à 13,6% -et beaucoup moins dans certains départements comme la Seine-Saint-Denis, qui affiche un infime 1%. C’est que longtemps l’accueil des TPS a servi de variable d’ajustement, qui permettait, dans certaines écoles aux effectifs en baisse, d’éviter une fermeture de classe.  

Mais dans le projet tel qu’il a été présenté ce jeudi par Vincent Peillon, la motivation est toute autre. C’est pour assurer la réussite de tous les élèves que le ministre souhaite accentuer le développement de la scolarisation des moins de 3 ans dans les secteurs défavorisés. A raison? Les avis des spécialistes sont partagés: pour certains l’école, ses rythmes et ses exigences ne sont pas adaptés aux tout-petits; pour d’autres la scolarisation précoce est très profitable aux enfants des milieux défavorisés, notamment ceux dont les parents ne parlent pas le français. 

La question des locaux d’accueil

Reste que scolariser plus d’enfants, plus jeunes, revient, c’est logique, à accueillir plus d’enfants dans les écoles… Prévoyant, le ministère indiquait en 2013 qu’il avait prévu 3000 nouveaux postes d’enseignants d’ici 2017. Mais la mise en place de cette mesure n’en reste pas moins un casse-tête pour les responsables d’établissements, qui devront prévoir outre les classes des dortoirs, pour accueillir les petits à l’heure de la sieste. Un casse-tête, et aussi un coût pour les municipalités, qui ont la charge de la construction et de l’entretien des écoles.  

Des municipalités qui ont déjà du faire face aux coûts supplémentaires induits par la réforme des rythmes scolaires, comme le souligne David Proult, adjoint au maire (PC) à Saint-Denis (93), en charge des questions d’éducation, et ardent défenseur de la scolarisation des enfants de moins de 3 ans.  

"Je suis très favorable à cette mesure qui, à Saint-Denis, à petite échelle, a montré son efficacité. Mais le problème du financement est central: la plupart des villes qui ont des réseaux d’éducation prioritaire sont des villes pauvres. A Saint-Denis -14 000 élèves dans le primaire-, il faudrait ouvrir une bonne centaine de classes pour atteindre les 30% de TPS scolarisés. C’est simplement inatteignable ". 

L’élu dyonisien est plus optmiste sur l’objectif d’une classe par réseau d’éducation, "mais je m’interroge sur la pertinence de faire reposer l’application de la politique ministèrielle sur des communes parfois très fragiles financièrement. Pour que cette mesure soit cohérente, il faudrait aider les communes qui vont la supporter". 



 

 

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