PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Quand on dit territoire à quoi pense-t-on ?

A une représentation cartographique qui va accomplir ce contre Sens : la carte est le territoire (sans les encombrants indigènes).

A quelles choses, quelles circulations, quels flux, quels équipements ; le bonheur des techniciens et gestionnaires. 

Quelle procédure, quel guichet, quelle subvention, quelle influence le petit jeu des petits pouvoirs. Quand on dit territoire on peut penser communauté humaine, celle qui l’habite et y engage son destin en commun dans le Sens du bien commun.

Voilà le champ des affaires humaines ouvert. Il ne reste plus qu’à renouveller les compétences mal préparées à une telle découverte.

" LA LOGIQUE DE TERRITOIRE
La tendance est bien souvent à définir un territoire sur lequel va s’appliquer la politique publique.
Chacun s’applique à découper le territoire selon ses propres rationalités. On assiste à une profusion de découpages : pays, bassins hydrographiques, bassins de vie, d’emploi, parcs, zones de services qui se superposent aux communes, communautés de communes, syndicats de communes, départements, régions…
En général sont associés un territoire et une procédure, cette dernière justifiant le découpage et le territoire délimitant le champ local d’application de la procédure.
Nous sommes là dans un schéma traditionnel de l’aménagement du territoire où la structure rationalisante de la procédure est destinée à structurer rationnellement le fonctionnement du territoire.
On ne peut pas ne pas remarquer la prolifération des procédures et des découpages territoriaux si bien que le même lieu peut être le théâtre de plusieurs découpages, plusieurs procédures et quelques fois sur le même thème (par exemple l’aménagement du territoire).
C’est là le signe d’une crise qui est liée à la mutation profonde de notre époque.
L’analyse des stades d’évolution des sociétés humaines jointes à la prospective de la mutation actuelle peut se résumer ainsi (travaux de l’Institut Cohérences) :
Le premier stade est celui des sociétés archaïques dont le lien est un lien d’appartenance fondé sur les affects et sur des rapports d’inclusion/exclusion. Le "territoire" est le champ de l’appartenance (on appartient au territoire comme il vous appartient).
Le second stade est celui des sociétés primaires dont le lien est un lien de cohabitation fondé sur les rapports
matériels de production et d’habitation avec une priorité pour les soucis de subsistance et de sécurité. Le territoire est de nature physique et il est le lieu de ressources et de protection.
Le troisième stade est celui des sociétés secondaires dont le lien est un lien d’identification fondé sur l’adoption de références communes notamment dans la modélisation du fonctionnement collectif. Les territoires sont plus d’ordre juridique en tant que champ de validité d’une règle communément adoptée et contribuant à la définition de l’identité collective.
Arrêtons nous là un instant sur ces premiers stades pour noter que l’évolution n’élimine pas les stades antérieur mais permet de les investir dans des niveaux d’évolution et de maturité humaine supérieurs par lesquels il est alors possible d’en assurer une certaine maîtrise.
Notre civilisation a atteint depuis longtemps le stade secondaire et c’est bien par la rationalisation qu’elle a permis d’accéder à un certain niveau de maîtrise.
Cependant la crise actuelle fait apparaître une disjonction entre les niveaux.
Les représentations et règles secondaires semblent devenir impuissantes pour maîtriser le niveau factuel plus matériel et les défaillances de ce dernier (crise économique, chômage) le rendent impuissant à réguler le stade archaïque qui émerge dans nos banlieues comme en Europe et ailleurs.
Il y aurait beaucoup à dire sur les sources de ces défaillances, cependant on observera que la prolifération des procédures et des découpages territoriaux tous plus rationnels les uns que les autres, semble être une réaction à leur perte d’emprise sur le réel. De ce fait on peut se demander si dans certains cas il ne s’agit pas principalement de tentatives d’emprise. Le jeu consisterait alors pour chacun de tenter d’imposer son découpage pour y placer sa ou ses procédures et y exercer un pouvoir.
Dés lors on est moins étonné de la disqualification des représentants élus, élus eux par les populations. Ils représentent en effet un réel humain qui ne correspond pas aux modèles et aux rationalités que l’on veut imposer d’autant plus fortement que l’on en ressent la carence.
La raison devient quelquefois source de déraison et les "mesures" prises, vecteurs de démesure c’est-à-dire de perte de contact avec la réalité des hommes vivant sur les territoires.
 

Cependant il nous faut introduire une explication à ce dysfonctionnement, aggravé sans cesse par les tentations de réparation toujours par les mêmes moyens (encore plus de ce qui est cause du problème).
C’est celle de la mutation qui nous vient et qui est dépassement du stade secondaire.
Nous rentrons dans une nouvelle ère dont les clés sont toutes différentes et on peut se demander si le phénomène précédent n’est pas le signe d’une résistance à ce dépassement, la société réelle étant par certain aspect en avance par rapport à ceux qui veulent lui appliquer des formules devenues inadéquates.
La logique de territoire est devenue trop souvent l’expression d’une tentative sans issue de retrouver une maîtrise
perdue."
 

Document(s) associé(s) :

pdf/Territoires_NIFLE.pdf

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